Des opposants détenus au secret pour possession de journaux interdits

Reporters sans frontières et la Burma Media Association ont dénoncé l'arrestation de plusieurs dizaines d'opposants impliqués dans la diffusion de journaux interdits par la junte. Certains sont détenus au secret depuis plus de dix jours. "Alors que dix-huit prisonniers politiques ont été libérés au mois de septembre, cette nouvelle vague de répression témoigne de l'hostilité du régime militaire à l'encontre du pluralisme de l'information. Il est intolérable que des dizaines de Birmans soient emprisonnés pour le simple fait d'avoir lu ou distribué un journal", ont déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, et U Thaung, président de la Burma Media Association, dans une lettre adressée au ministre birman de l'Intérieur, le lieutenant-général Tin Hlaing. Les deux organisations ont demandé la libération de toutes les personnes emprisonnées pour possession de publications d'opposition. "La fin de la censure et des restrictions à l'encontre des publications d'opposition seraient un geste d'ouverture sans précédent en Birmanie", ont souligné MM. Ménard et U Thaung. Par ailleurs, Reporters sans frontières et la Burma Media Association ont demandé au ministre de l'Intérieur de tout mettre en œuvre pour que le gouvernement permette à la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de lancer un journal. La junte militaire n'a jamais répondu à la demande formulée, en mai 2002, par Aung San Suu Kyi, secrétaire générale de la LND, d'une licence de publication. Le 25 septembre 2002, une trentaine d'activistes, pour la majorité d'anciens prisonniers politiques, ont été arrêtés et interrogés par les services de sécurité pour possession de publications d'opposition, notamment le journal Khit Pyaing (Nouvelle Ere, publié en Thaïlande). Selon le magazine Irrawaddy (basé en Thaïlande), il s'agit d'une stratégie d'intimidation des services secrets militaires (MIS) pour empêcher les opposants d'accéder aux publications interdites. A ce jour, plus d'une douzaine de personnes sont toujours détenues au secret. Selon Reporters sans frontières et la Burma Media Association, près d'une quarantaine de personnes ont été arrêtés ces deux dernières années pour avoir distribué ou lu un journal d'opposition imprimé en Thaïlande. Certains ont été torturés et condamnés à de lourdes peines de prison pour ce seul délit. En juillet 2002, Aung Thein et Kyaw Naing Oo, deux membres de la branche jeunesse de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), ont été arrêtés et condamnés à une peine de trois ans de prison pour possession d'exemplaires de Khit Pyaing. Ils auraient été roués de coups lors de leur arrestation. Le 12 février 2002, Ko Tin Saw, alias Tharkhan, a été arrêté au marché de Bayintnaung à Kawthaung (est du pays), alors qu'il revenait de Ranong (Thaïlande). Pris en possession d'un téléphone mobile et du numéro de février du journal Khit Pyaing, il a été accusé d'envoyer des informations aux radios étrangères. Le jour même, Ko Tin Saw a été emmené à la base n°3 des services secrets à Kawthaung, où il aurait été torturé lors de son interrogatoire. En 1999 et 2000, sept membres du réseau clandestin de distribution de la revue interdite Mojo, publication liée à la LND, ont été arrêtés. Il s'agit de Mg Hla Soe, Ko Win Naing, Mg Kyaw Wae Soe, Joseph, Tint Wae, Ko Myo et Ma Htay Htay. La plupart d'entre eux ont été condamnés à sept ans de prison pour avoir distribué ce mensuel d'opposition imprimé en Thaïlande, et aujourd'hui disparu. Trois mille exemplaires étaient régulièrement destinés à la Birmanie.
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Updated on 20.01.2016