Des militants de Reporters sans frontières dénoncent le régime policier tunisien

Alors que se tient en Tunisie un référendum convoqué par le président Ben Ali, des militants de Reporters sans frontières se sont présentés à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle où ils ont distribué plusieurs milliers de cartes postales au départ d'une dizaine de vols pour la Tunisie. Le document sensibilise les touristes sur le "régime policier qui fait régner la peur" dans ce pays.

Le 26 mai 2002, alors que se tient en Tunisie un référendum devant permettre au président Ben Ali de prétendre à un quatrième mandat, une quinzaine de militants de Reporters sans frontières se sont présentés à l'aéroport international de Roissy Charles de Gaulle (Val d'Oise) où ils ont distribué plusieurs milliers de cartes postales au départ d'une dizaine de vols pour la Tunisie. Le document remis par les militants des droits de l'homme informe les touristes français que dans ce pays, "derrière la carte postale, un régime policier fait régner la peur". Refusant d'appeler au boycott de la Tunisie, l'une des premières destinations de vacances des Français, Reporters sans frontières invite néanmoins les voyageurs à ne pas oublier "ceux qui sont persécutés" par le régime du président Zine el-Abidine Ben Ali. Texte intégral de la carte :

"Tunisie : terre de sérénité?" "Tunis, Sousse, Bizerte... autant de villes qui font rêver les Français" "Pour de nombreux Tunisiens, en revanche, ces noms évoquent les plus célèbres prison du pays. Derrière la carte postale, un régime policier qui fait régner la peur. Le président Ben Ali n'aime pas la critique. Liberté de la presse et liberté d'expression ne font pas partie de son vocabulaire. Début février, une fois encore, des opposants ont été condamnés à de lourdes peines d'emprisonnement pour délit d'opinion. Des centaines d'autres croupissent en prison. Malgré tout, de nombreux Tunisiens continuent à lutter pour que les libertés fondamentales soient respectées. Lorsque vous quitterez la Tunisie, n'oubliez pas ceux qui restent et qui sont persécutés." En Tunisie, seule la presse officielle, aux ordres, a le droit de cité. Les défenseurs des droits de l'homme, membres de l'opposition – illégale – et journalistes indépendants qui osent critiquer le maître de Carthage sont la cible de l'arsenal policier (130 000 hommes) mis en place par celui-ci. Pour Reporters sans frontières, Zine el-Abidine Ben Ali fait partie des trente-huit prédateurs de la liberté de la presse les plus dangereux dans le monde. Le référendum convoqué le 26 mai 2002 par le président Ben Ali invite les Tunisiens à approuver des modifications de la Constitution de 1959, dont l'une doit lui permettre de solliciter un quatrième mandat lors de la prochaine élection présidentielle de 2004. Le 25 mai 2002, des policiers en civil ont confisqué le matériel de deux journalistes français alors qu'ils couvraient une manifestation de l'opposition devant la prison civile de Tunis en signe de soutien à l'un de ses leaders emprisonné. "Il est clair que le président Ben Ali ne veut pas de témoins aux mouvements de protestation qui dénoncent cette mascarade de référendum", a dénoncé Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Une semaine plus tôt, un journaliste du Monde avait été refoulé à l'aéroport. En 1999, M. Ben Ali avait été réélu à la tête de l'Etat avec 99% des suffrages. Le 16 mai dernier, Reporters sans frontières a présenté à Paris, Tunisie, le livre noir (Editions La Découverte), ouvrage rassemblant de nombreux rapports d'organisations de défense des droits de l'homme sur les violations commises en Tunisie.
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Updated on 20.01.2016