Des médias empêchés de couvrir des manifestations anti-nucléaire

Reporters sans frontières condamne les entraves à l’encontre de plusieurs médias nationaux, de la presse écrite et audiovisuelle, commises par les forces de police, le 21 mars 2012, à Idinthakarai dans l’état du Tamil Nadu (Sud). La ville est le théâtre de manifestations populaires contre la mise en service d’une centrale nucléaire. “Il est toujours inquiétant de voir des autorités fermer un périmètre et en interdire l’accès aux médias, même temporairement, pour des raisons autres que leur sécurité. L’installation de barrages de policiers à qui on donne l’ordre d'empêcher tous les médias de passer est inacceptable. Nous appelons le gouvernement du Tamil Nadu à modifier sur le champ ses consignes et à permettre un accès total aux professionnels des médias”, a déclaré Reporters sans frontières. “Les autorités ne doivent pas faire passer pour une simple mesure de sécurité, la volonté de limiter l’information sur un rassemblement anti-nucléaire, à caractère pacifique, qui alimente un débat d'intérêt public. La présence continue de médias doit également permettre de lever toutes les inquiétudes sur le traitement réservé aux manifestants par les forces de l’ordre”, a ajouté l’organisation. Le 21 mars, vers sept heures du matin, des journalistes de NDTV, de Times Now, du Times of India et d’autres médias nationaux ont été empêchés par les forces de l’ordre d’entrer dans le village d’Idinthakarai. Après avoir déclaré aux médias se présentant aux barrages qu’ils agissaient sur ordre du haut commandement, les policiers ont finalement autorisé l’accès à la manifestation aux seuls reporters et vidéo journalistes, refusant les camions de diffusion mobile en arguant, selon le Club de la presse de Madras, que des reportages en direct ne feraient qu’aggraver la situation. Contacté par téléphone par des médias sur place, le directeur général de la police du Tamil Nadu a démenti avoir donné de tels ordres. Selon les dernières informations obtenues par Reporters sans frontières, les camions de diffusion mobile ont par la suite été autorisés à pénétrer dans le village. Le gouvernement du Tamil Nadu avait lancé, au début de la semaine, l’“opération Koodankulam”, du nom du site de la centrale nucléaire située à proximité d’Idinthakarai, visant à renforcer le contrôle des manifestants anti-nucléaire menés par le ‘People’s Movement against Nuclear Energy’ (PMANE), rassemblés depuis plus de cinq mois dans le village. Depuis le 19 mars, tous les accès autour de la zone du rassemblement ont été interdits aux manifestants, y compris les voies d’accès maritime. Selon des manifestants, dès le 19 mars, la fermeture de la zone imposée par la police concernait les professionnels des médias, dont certains auraient été contraints d’évacuer les lieux. L’Inde connaît une dégradation importante en terme de liberté d’information. Le pays figure au 131ème rang, sur 179 pays, dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2011-2012.
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Mise à jour le 20.01.2016