Des journaux intimidés pendant la visite d'une délégation européenne

Reporters sans frontières dénonce les pressions exercées sur certains médias indépendants avant et pendant la visite d'une délégation européenne chargée de négocier des accords commerciaux avec le gouvernement sri lankais. Plusieurs responsables de rédaction ont témoigné de demandes pressantes faites à des propriétaires de journaux dans le but d'atténuer les critiques et de limiter le nombre d'articles embarrassants pour les autorités lors du séjour de la délégation de la Commission européenne dans le pays. "Si le gouvernement prétend améliorer ses relations avec l'Union européenne en cherchant à faire taire la presse indépendante, il se trompe de méthode. Les organisations de journalistes sont vigilantes et continueront de dénoncer une politique qui rend de plus en plus difficile la couverture de la situation des droits de l'homme. La troïka européenne a certes abordé le sujet des droits de l'homme pendant sa visite, mais nous demandons à la Commission européenne de condamner fermement ces nouvelles pressions qui sont directement liées à sa présence dans l'île", a affirmé l'organisation. Dans la semaine qui a précédé la visite de la troïka européenne au Sri Lanka du 9 au 11 juin 2008, de hauts responsables gouvernementaux ont exercé des pressions sur la direction et les propriétaires de plusieurs quotidiens indépendants, notamment The Nation et The Daily Mirror. Sous couvert de l'anonymat, des journalistes ont expliqué à Reporters sans frontières que la direction de leurs journaux leur avait ordonné de limiter les enquêtes embarrassantes pour le gouvernement. Les auteurs de ces pressions menaçaient de représailles, notamment économiques. Ces intimidations ont été concomitantes des accusations de "trahison" portées par le ministère de la Défense contre les journalistes spécialisés dans les affaires militaires. L'un des spécialistes de The Nation dans ce domaine a été enlevé et battu le 23 mai à Colombo. Par ailleurs, le ministère de la Défense a décidé le 6 juin de prolonger de trois mois la détention du journaliste tamoul J. S. Tissanayagam, responsable du site outreachlk.com et collaborateur de l'hebdomadaire Sunday Times. La police antiterroriste a refusé de le présenter devant un juge. Son épouse, interrogée par Reporters sans frontières, a demandé que son mari ne soit pas détenu aussi longuement sans procès : "Nous demandons juste que ses droits de citoyen soient respectés." Dans cette affaire, le propriétaire d'imprimerie et écrivain tamoul, V. Jasikaran, est également aux mains de la police antiterroriste. Arrêté le 7 mars 2008 à Colombo, J. S. Tissanayagam avait créé en février 2008 le site d'informations Outreachlk grâce à une aide financière de FLICT, un projet de la coopération au développement allemande (GTZ). Reporters sans frontières demande sa libération immédiate.
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Mise à jour le 20.01.2016