Des journalistes licenciés pour leur « vision politique étroite »

20 journalistes ont été renvoyés du groupe audiovisuel public de l'Etat d'Oromia, la semaine dernière en raison de leur "vision politique étroite". RSF dénonce un renvoi politiquement motivé.

Vingt journalistes se sont vus refuser, le 25 juin, l'entrée de leur lieu de travail, la station de l’audiovisuel public de l'Etat d'Oromo, l’Oromia Radio and Television Organisation (ORTO), au motif de leurs "vues politiques étroites", sans qu'aucune autre explication ne leur soit donnée. Ce motif de licenciement a été invoqué, à l'issue d'un atelier regroupant des professionnels des médias et des autorités locales durant lequel le plan controversé d'expansion de l'agglomération d'Adis Abeba à l'Etat d'Oromo avait été discuté. Les journalistes auraient notamment signifié leur désaccord avec la répression policière sanglante des manifestations d'étudiants protestant contre ce plan, qui aurait fait de nombreux morts en mai dernier. " Comment peut-on renvoyer des journalistes pour leurs "vues politiques". Le gouvernement éthiopien doit justifier ces renvois. L'Ethiopie aurait-t-elle officialisé le délit d'opinion ? » s’interroge Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de l’organisation « Pour Reporters sans frontières, ce dernier développement ne peut qu'être lu à travers le prisme des élections nationales prévues en 2015. C’est clairement une tentative des autorités d'éliminer, à l'avance, toute potentielle critique. Nous demandons à ce que ces journalistes soient réintégrés dans leur rédaction et qu'ils puissent continuer leur travail sans autre obstacle ou menace". L’Ethiopie se place au 143e rang sur 180 pays selon le Classement 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. (photo : Muktar Kedir, President de l'Etat d'Oromo)
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Updated on 20.01.2016