Début du procès du journaliste Khayroullo Khamidov accusé d'appartenance à une organisation religieuse interdite

Le 29 avril 2010, le procès de Khayroullo Khamidov, populaire animateur de radio, poète et commentateur sportif, s'est ouvert à Gulbakhor non loin de la capitale, Tachkent. Le journaliste est détenu depuis son arrestation, le 21 janvier dernier. Son procès, dans lequel comparaissent quatorze autres accusés, se déroule à huis clos, et des contrôles policiers ont été mis en place sur la route reliant Tachkent à Gulbakhor. Un cordon policier interdit l'approche du tribunal. S'il est reconnu coupable, Khayroullo Khamidov encourt jusqu'à cinq ans de prison dans un pays connu pour ses terribles conditions de détention. Nous réclamons aujourd'hui, comme en janvier dernier, que le journaliste soit remis en liberté et les charges abandonnées contre lui. L'Ouzbékistan, sous couvert de lutter contre l'extrémisme religieux, poursuit en réalité une politique de répression de la population. Le rapport de la Commission américaine sur la liberté réligeuse dans le monde place d'ailleurs le pays parmi les treize Etats suscitant une inquiétude particulière à cet égard. Khayrullo Khamidov animait bien une émission, "Kholislik sari" ("La voie de l’impartialité") sur la radio semi-privée Nawruz, dans laquelle il s'appuyait sur les enseignements de l'islam pour conseiller ses auditeurs. Ses positions n'ont jamais appelé à la violence ou à l'insurrection. Il n'est pas un criminel et ne doit pas être considéré comme tel. Le tort principal du journaliste est d'avoir, dans ses réponses aux doléances des auditeurs, fait mention des problèmes économiques, politiques et sociaux rencontrés par les citoyens ouzbeks et que les autorités tiennent à garder sous le boisseau. A ce titre, ses démêlés avec la justice ouzbèke rappellent fortement ceux de la photographe et documentariste Oumida Akhmedova, poursuivie - et amnistiée - pour "calomnie" et "insulte envers le peuple ouzbek", suite à ses reportages et photographies sur la condition des femmes et la pauvreté. En janvier dernier, le journaliste de 35 ans avait été arrêté, après avoir participé à une fête religieuse traditionnelle (célébrant la naissance d'un enfant ), chez l'un de ses proches. Il avait aussi, avec les autres personnes interpellées, pris part à un débat sur l'islam salafiste. Durant la perquisition du domicile de Khayrullo Khamidov, les policiers avaient saisi de nombreux documents, Cds, Dvds mais aussi des ouvrages religieux dont…un exemplaire du Coran. Ce n'est pas la première fois que Khayrullo Khamidov est victime de l'acharnement du pouvoir ouzbek. Sous pression du ministère de la Presse et de l’Information, le journaliste avait déjà été obligé de quitter la télévision, où il animait une émission similaire, puis de fermer son journal Odamlar Orasida, qui titrait à 24 000 exemplaires, ce qui le plaçait parmi les plus populaires. Il est également rédacteur en chef adjoint du journal sportif Champion, qui couvre principalement l'actualité du football. L'Ouzbékistan est l'un des régimes les plus répressifs de l'Asie centrale et plus de dix journalistes y sont actuellement emprisonnés, alors que plusieurs rapports indiquent que l'usage de la torture contre les prisonniers est systématique. Malheureusement la communauté internationale peine à se mobiliser pour les droits des citoyens ouzbeks. En octobre 2008, l'Union européenne a ainsi levé les sanctions qui pesaient sur le régime depuis la sanglante répression des soulèvements d'Andijan en 2005, ce en dépit de la nature dictatoriale du régime.
Publié le
Updated on 20.01.2016