Condamnations à Mascate, cameraman en état de mort clinique à Sanaa, journalistes blessés en Libye, arrestations arbitraires en Syrie... les journalistes toujours des cibles privilégiées pendant leur couverture du Printemps arabe

OMAN

Reporters sans frontières dénonce la décision du tribunal de première instance, le 21 septembre 2011, de condamner le journaliste du quotidien Al-Zaman, Youssef Al-Haj, et son rédacteur en chef Ibrahim Al-Mo’amari, à cinq mois de prison chacun pour diffamation à l’encontre du ministre de la Justice, Mohamed Al-Hanaï. Le juge a également demandé la fermeture du journal pour une durée d’un mois. Le procès s’est ouvert le 14 août dernier. Dans une lettre adressée au sultan Qabous, chef de l’état d’Oman, le 11 août 2011, Reporters sans frontières avait exprimé sa plus vive inquiétude à l’approche de ce procès. « Les poursuites sont disproportionnées par rapport à la gravité des faits. L’organisation appelle à leur retrait immédiat », avait écrit l’organisation. Par ailleurs, Youssef Al-Haj a été interdit d’exercer la profession de journaliste par les autorités, le 5 juillet 2011, à la suite d’un article publié le 14 mai dernier rapportant une enquête sur des affaires de corruption au sein de la fonction publique omanaise. L’avocat de la défense a annoncé son intention de faire appel du jugement.

YEMEN

Reporters sans frontières a appris que le cameraman pour la chaîne Al-Hurra, Hassan Al-Wadhaf, a été grièvement blessé à l’oeil, le 18 septembre 2011, alors qu’il couvrait les violences des forces de sécurité, soutenus par des milices (baltajiyas) contre des manifestants à Sanaa. Au cours de cette manifestation, 26 personnes ont été tuées. Transféré dans un état grave, le journaliste serait actuellement dans un état de mort clinique. L’organisation condamne fermement cet incident. D’après les informations recueillies auprès de journalistes présents aux côtés de Hassan Al-Wadhaf, des hommes armés de RPG (lance-roquettes), habillés en civil, ont délibérément tiré sur la foule. Reporters sans frontières rappelle que deux professionnels des médias ont déjà trouvé la mort depuis le début du soulèvement en faveur de réformes démocratiques au Yémen. Jamal Al-Sharabi, d’Al-Masdar, et Mohamed Yahia Al-Malayia d’Al-Salam ont été tués le 18 mars dernier. Par ailleurs, le correspondant de la BBC, Abdallah Ghourab, a été ouvertement menacé le 19 septembre, à l’issue d’une conférence. Le 26 août dernier, il avait été violemment agressé avec son cameraman, Zine Al-Siqaf, par cinq baltajiyas habillés en civil, devant une des station essence rue Riqas de la capitale, alors qu’ils étaient en train de réaliser un sujet sur la crise du carburant.

LIBYE

Au moins deux journalistes français ont été blessés au cours des derniers jours en Libye. Mohamed Ballout, franco-libanais travaillant pour la BBC, a été blessé le 16 septembre dernier à Bani Walid par le tir d’un sniper pro-Kadhafi. “Une balle de sniper kadhafiste a tué un premier homme, traversé le corps d’un deuxième puis a frappé sous le bras de Mohammed, dans l’interstice de son gilet de protection, a pénétré le poumon pour venir se loger au milieu de la poitrine. Elle y est encore, longue d’un doigt, visible à la radio. C’est une balle de Dragunof, un fusil de précision russe de gros calibre, très puissant”, raconte Jean-Paul Mari du Nouvel Observateur, présent au moment de l’incident. Transféré à Malte dans un état stable, il est arrivé en France le 20 septembre dans la soirée pour y être opéré à l’hôpital militaire de Percy à Clamart. Par ailleurs, le photographe français freelance, Olivier Sarbil, a été grièvement blessé à Syrte par des éclats d’obus. Il a été touché aux jambes, aux bras et au visage, le 17 septembre dernier, lors des combats entre pro et anti-Kadhafi dans la ville. Il a pu subir une intervention chirurgicale. Il a été depuis été rapatrié.

SYRIE

Reporters sans frontières a appris que les autorités syriennes ont à nouveau arrêté le blogueur Jehad Jamal, plus connu sous le pseudonyme de “Milan”, et qui a déjà effectué plusieurs séjours en prison. Il avait notamment été arrêté le 4 août dernier. Nizar Adleh, journaliste collaborant pour de nombreux sites Internet, a été arrêté le 6 septembre dernier. L’écrivain et poète Miraal Brourda, qui collabore à de nombreux sites Internet, a également été arrêté.
Publié le
Updated on 20.01.2016