Cinq journalistes violemment agressés par la Police et des manifestants

Journalistes et photographes de plusieurs médias boliviens ont été agressés par des agents de la police le vendredi 15 avril 2011 à Apacheta (à 20km de La Paz) alors qu’ils couvraient des affrontements entre la police et des membres de la Centrale ouvrière bolivienne (COB) qui exigeaient du gouvernement une augmentation salariale. Des agents de police ont rudement agressé Israel Gutiérrez, cameraman de Red Uno, Carlos Saavedra, caméraman de Bolivisión, et Henry Ponce, photographe du journal Página Siete. Les cameras de Gutiérrez et Saavedra ont été cassées et les cartes mémoires de l'appareil photo de Ponce confisquées. Pour leur part, Juan Mamani, reporter de l'agence internationale AP (Associated Press), et Vladimir Rojas, journaliste d'Universal de Televisión, ont été agressés par des enseignants manifestants, qui les ont accusés de servir d’informateurs pour le compte de la police. Le ministre de l'Intérieur, Sacha Llorenti, a promis à la Fédération des travailleurs de presse de La Paz (Federación de trabajadores de la prensa de La Paz) à enquêter sur ces agressions, de restituer le matériel confisqué et considérer la distribution de gilets pour identifier les journalistes lorsqu'ils couvrent des conflits. Reporters sans frontières soutient cette proposition et appelle au respect des médias par les agents de la police et les manifestants. Ces agressions interviennent dans un contexte particulier où la justice semble traiter les affaires de presse à la légère. Luis Zabala Fareli, directeur de la Radio Soberanía de Minero 97.5 FM, située dans le département de Santa Cruz (Est du pays), est resté en détention préventive pendant presque trois mois. Zabala était accusé, par le chef de la police de Minero, d'avoir commis quatre délits dont celui d’incitation à la violence, suite aux attaques d'une station de police par une foule le 6 janvier 2011. Le journaliste a été libéré et autorisé à continuer son travail le 14 avril dernier mais avec l'interdiction du juge de se prononcer sur le procès. Pour sa part, le procureur du Potosi (Sud du pays) s'est déclaré non compétent pour examiner la plainte pour outrage portée à l'encontre du journaliste de Radio Kollasuyo Mario Caro. Le juge a expliqué que les plaintes portées par des fonctionnaires publiques contre des journalistes ne sont pas du ressort de la justice ordinaire mais d’un juge spécialisé. Enfin, Reporters sans frontières rappel le risque réel d’impunité et d’oubli entourant l’assassinat de Carlos Quispe, journaliste de la station Radio Municipal Pucarani (à Pucarani, Ouest du pays), il y a quatre ans, en mars 2008. “Ni le contexte de violence politique à l’époque des faits, ni les mouvements de personnel au sein de l’appareil judiciaire ne justifient pareille inertie”, a déclaré Reporters sans frontières .
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Updated on 20.01.2016