Cinq journalistes haïtiens menacés par des sympathisants du pouvoir

Dans une lettre adressée à Jean-Bertrand Aristide, président de la République, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre les menaces proférées par des sympathisants du pouvoir contre cinq journalistes, dont Guyler Delva, secrétaire général de l'Association des journalistes haïtiens (AJH). "Nous vous demandons de condamner fermement ces menaces et leurs auteurs, et de garantir la sécurité de ces journalistes", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L'organisation, qui a dénoncé "le climat de terreur qui s'installe en Haïti", a ajouté qu'elle tenait les autorités pour responsables du sort des cinq journalistes. Selon les informations recueillies par RSF, des membres de l'organisation "Jeunesse Pouvoir Populaire" (JPP), proche du président Aristide, ont donné quarante-huit heures, le 21 janvier 2002, à Guyler Delva pour retirer sa plainte contre leur responsable, René Civil, sous peine de lui montrer "de quel bois ils se chauffent" et d'avoir à faire avec toutes les organisations populaires et non plus seulement JPP. Le 18 janvier, Guyler Delva avait porté plainte contre René Civil, après que ce dernier l'avait menacé, qualifié de "colon à la solde des Blancs" et accusé de "trahir ses compatriotes haïtiens", lors d'une émission radiophonique diffusée le 15 janvier. "Merci Guyler Delva, merci, merci Guyler Delva, sont les mots qu'a prononcés René Civil à la radio, et dans le langage haïtien, ces remerciements cachent des menaces à mots couverts", a souligné Guyler Delva. Le 11 janvier, Figaro Désir, responsable de l'organisation populaire "Bale Wouze", proche des Fanmi Lavalas, avait qualifié Guyler Delva d'"apatride au service du colon blanc" et avait menacé de lui appliquer le "supplice du collier". Le 21 janvier, Figaro Désir est revenu sur ses menaces, affirmant que ses propos du 11 janvier avaient été mal interprétés. Par ailleurs, quatre journalistes de province, menacés par des sympathisants du pouvoir, ont trouvé refuge à Port-au-Prince, où ils se cachent. Il s'agit de Charité André et Rémi Jean, de Radio Eben-Enzer, de Duc Jonathan Joseph, correspondant de Radio Métropole aux Gonaïves (Nord-Ouest), et d'Ernst Océan, correspondant de Radio Vision 2000 à Saint Marc (Ouest). Les menaces contre ces journalistes, attribuées à des partisans des Fanmi Lavalas, s'étaient accentuées après la tentative supposée de coup d'Etat du 17 décembre 2001. Depuis le 15 janvier 2002, Radio Eben-Enzer, diffusée à Mirebalais (Centre), a cessé ses émissions en raison du climat d'insécurité. Les auteurs de ces menaces reprochent aux journalistes une couverture de l'actualité soi-disant défavorable au gouvernement.
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Updated on 20.01.2016