Cinq enlèvements, quatre preuves de vie. Où est Bashar Fahmi Al-Kadumi?

Lire en arabe (بالعربية) A ce jour, cinq journalistes étrangers sont actuellement otages ou disparus en Syrie: Fidaa Itani, Libanais; Ankhar Kochneva, Ukrainienne; Cüneyt Ünal, Turc; Bashar Fahmi Al-Kadumi, Jordanien, et Austin Tice, Américain. A ce jour, nous avons de preuves de vie que pour quatre d’entre eux: Fidaa Itani, Ankhar Kochneva, Cüneyt Ünal et Austin Tice. Quid de Bashar Fahmi Al-Kadumi, journaliste à Al-Hurra? Aucune nouvelle de lui, depuis sa disparition le 20 août dernier à Alep, alors qu’il était en reportage avec son confrère Cüneyt Ünal. D’après son frère, Bashar serait détenu par les forces pro-gouvernementales. Toutefois le 4 septembre 2012, le ministère de l’Information a démenti cette version. Où est-il alors ? Dans cette affaire, quelqu’un ment. En temps de guerre, un classique, mais qui crée comme un trou noir. Reporters sans frontières appelle les ravisseurs de Bashar Fahmi Al-Kadumi à adresser à sa famille et collègues une preuve de vie et à le relâcher le plus rapidement possible. L’organisation exhorte les groupes armés d’opposition, ainsi que le régime syrien, à libérer les quatre autres journalistes étrangers entre leurs mains. Détails concernant le quatre autres journalistes: - Le journaliste libanais Fidaa Itani a été enlevé à un check-point entre la ville d’Aazaz et la frontière turque, le 25 octobre 2012. Le 27 octobre, un groupe armé de l’opposition se faisant appeler "Brigade de la tempête du nord à Aazaz" a revendiqué cet enlèvement sur sa page Facebook. Le lendemain, une vidéo du journaliste a été postée sur Youtube. Vidéo dans laquelle Fidaa Itani déclare être en bonne santé et être en résidence surveillée. - Le 9 octobre 2012, une faction de l’Armée syrienne libre a kidnappé la journaliste ukrainienne Ankhar Kochneva, qui collabore avec de nombreux médias russes, notamment comme interprète. Ankhar Kochneva a pu confirmer son enlèvement, le 9 octobre, par téléphone. Les 12 et 13 octobre, elle a pu contacter la chaîne russe NTV, média pour lequel elle sert d’interprète. - Cüneyt Ünal, cameraman de la chaîne américaine Al-Hurra, a été enlevé à Alep le 20 août 2012. Le journaliste est apparu le 26 août 2012 sur une vidéo diffusée par la chaîne pro-gouvernementale syrienne Al-Ikhbariya, visiblement épuisé, des ecchymoses sous les yeux. Le 27 octobre, l’organisation humanitaire turque IHH a posté sur son site une photo du journaliste, datée du 24 octobre 2012. Photo obtenue par une des délégations de l’organisation lors d’une visite un centre de détention. - Austin Tice, journaliste américain collaborant au Washington Post, à Al-Jazeera English et à McClatchy, depuis le 13 août 2012, alors qu’il couvrait les événements dans la banlieue de Damas. Le 26 septembre 2012, une vidéo le montrant aux mains de djihadistes a été postée sur Internet. Il s’agit de la seule preuve de vie depuis sa disparition, mais elle ne donne aucune indication sur le lieu actuel de sa détention, ni sur l’identité exacte de ses ravisseurs et la nature de leurs revendications. Reporters sans frontières rappelle que, malgré l'amnistie générale annoncée par Bashar Al-Assad le 23 octobre dernier, au moins 12 journalistes et 19 citoyens-journalistes sont toujours incarcérés. Dans un communiqué conjoint, publié le 25 octobre, neuf organisations de défense des droits de l’homme ont appelé à leur libération, parmi lesquelles Reporters sans frontières. Christophe Deloire, secrétaire général de l’organisation à alors déclaré: "Si cette annonce d'amnestie est réelle, Bachar Al-Assad doit autoriser des observateurs internationaux indépendants à se rendre dans l'ensemble des lieux de détention en Syrie. Les journalistes et citoyens-journalistes, arrêtés pour le seul fait d'avoir exercé leur droit d'informer les Syriens et la communauté internationale des événements dans le pays, doivent être immédiatement libérés, tout comme les défenseurs des droits de l'homme sans quoi cette annonce n'est qu'une coquille vide".
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Updated on 20.01.2016