Chine: un journaliste-citoyen interpellé pour avoir documenté les évictions de migrants à Pékin

L’artiste et journaliste-citoyen Hua Yong a été détenu trois jours pour avoir documenté les évictions de travailleurs migrants à Pékin, des images que le pouvoir chinois essaie de censurer.

Ce lundi 18 décembre avait lieu la Journée internationale des migrants, organisée par les Nations Unies pour sensibiliser le monde aux souffrances endurées par les populations chassées par la guerre, la faim ou les changements climatiques. Cela n’a pas empêché les autorités chinoises de poursuivre l’évacuation des travailleurs migrants de Pékin et de détenir pendant trois jours un journaliste-citoyen qui documentait les événements.


Choqué de voir la police mettre à la rue des dizaines de milliers de personnes, en dépit du froid glacial, avant que leurs maisons ne soient rasées, et craignant que ces scènes de destruction ne soient censurées dans les médias, l’artiste et journaliste-citoyen Hua Yong, 48 ans, a entrepris de les filmer et de diffuser ces images sur les réseaux sociaux Youtube et WeChat, accompagnées d’interviews. Se sentant menacé, il s’était ensuite réfugié dans la ville de Tianjin (nord-est), où il a été interpellé vendredi avant d’être libéré sous caution lundi.


“Le journaliste-citoyen Hua Yong n’a fait que diffuser sur internet ce que tout le monde peut voir sur place, et rien dans la loi chinoise n’interdit de filmer des images dans la rue, dénonce Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de RSF. Il reste néanmoins sous le coup d’une enquête criminelle, ce qui est inacceptable.“


En 2012, le courageux artiste avait commémoré la répression de Tiananmen en se frappant lui-même le visage et en écrivant la date “1989” avec son sang, une performance d’art conceptuel qui lui avait valu 15 mois de travaux forcés.


Depuis l’accession au pouvoir du président Xi Jinping, la censure des médias s’est durci et les journalistes professionnels ont été muselés. Le régime s’attaque désormais aux journalistes-citoyens, blogueurs et internautes qui tentent de faire circuler les informations interdites. La Chine est la plus grande prison au monde pour les journalistes et les militants des droits civils et occupe le bas du classement RSF de la liberté de la presse (176e sur 180 pays).

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Mise à jour le 19.12.2017