“Chers sponsors des Jeux européens, demandez la libération des journalistes en prison en Azerbaïdjan !”

Dans la lettre ouverte ci-dessous, Reporters sans frontières (RSF) exhorte les sponsors des Jeux européens de Bakou à ne pas fermer les yeux sur les violations de la liberté de l’information au nom de leurs intérêts économiques et à demander officiellement la libération des 12 journalistes détenus en Azerbaïdjan.

Читать по-русски / Lire en russe Chers sponsors des Jeux européens de Bakou, Chers dirigeants de McDonalds, Coca Cola, Motorola et autres compagnies internationales, Vous vous apprêtez à être d’ici quelques jours sous les feux des projecteurs, en tant que sponsors et partenaires officiels des 1ers Jeux olympiques européens organisés en Azerbaïdjan. Six mille athlètes participeront à cet événement sportif tandis que 1500 journalistes locaux et étrangers sont attendus à Bakou. Au total, plus de 225 millions de foyers européens pourront suivre les retransmissions en direct des épreuves sportives. De cette (sur)exposition médiatique, vous allez sans conteste tirer profit. Mais votre intérêt économique doit-il vous aveugler sur la question des droits de l’homme? Doit-il vous faire fermer les yeux sur les violations des libertés fondamentales, que le pays hôte perpétue depuis des années en toute impunité ? Il n’est pas très difficile de vous renseigner. Reporters sans frontières (RSF), organisation internationale de défense de la liberté de l’information, tient à votre disposition tous les éléments que vous souhaitez. Savez-vous par exemple que le journalisme indépendant est un sport à haut risque en Azerbaïdjan ? A l’aube de la cérémonie d’ouverture, 12 journalistes et net-citoyens sont détenus par le régime du président Aliev pour des charges aussi ridicules que trafic de drogue, hooliganisme ou espionnage pour le compte de l’étranger. Les autorités n’hésitent pas à faire pression sur les voix qui dérangent de la manière la plus scandaleuse et pathétique qu’il soit. La célèbre journaliste d’investigation et militante des droits de l’homme Khadija Ismaïlova en a fait les frais. Pour avoir dénoncé des affaires de corruption au plus haut sommet de l’Etat, elle a été victime d’un chantage utilisant une sextape. N’arrivant pas à ébranler le courage de cette femme, lauréate de nombreux prix internationaux de journalisme, qui a poursuivi envers et contre tout ces enquêtes, le régime l’a arrêtée et condamnée pour avoir... “incité au suicide” un de ses collègues. Depuis le 5 décembre, elle est en prison en attendant son procès, avec quatre nouvelles charges supplémentaires. Depuis des mois, le régime d’Aliev s’est lancé dans une campagne de terreur, étouffant méthodiquement les derniers voix critiques. Journalistes indépendants et blogueurs indépendants ont presque tous été contraints au silence, jetés en prison ou poussés à l’exil. Le dernier quotidien d’opposition, Azadlig, croule lui sous le poids d’amendes astronomiques et d’une politique d’étouffement concertée. Le secteur audiovisuel est quant à lui entièrement dans les mains des autorités. Dictature au sein même du continent européen, l’Azerbaïdjan figure à la 162e place sur 180 du Classement mondial 2015 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières, juste devant le Bahreïn ou l’Arabie saoudite. A cette description des plus glaçantes, vous me répondrez que vous ne pouvez vous substituer aux gouvernements et autres instances internationales qui doivent faire pression sur Bakou pour que le régime s’ouvre à la démocratie et que les exactions à l’égard de la liberté de l’information cesse. Mais, ce serait se défiler un peu vite. Les Principes directeurs de l'ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme précisent en effet que les entreprises doivent s'efforcer "de prévenir ou d’atténuer les incidences négatives sur les droits de l’homme ..., même si elles n’ont pas contribué à ces incidences". A l’heure où l’esprit coubertinien plane au-dessus de nos têtes, à l’heure où le courage de nos athlètes sera salué dans le monde entier, il serait légitime que ce courage soit partagé et qu’en dépit de vos intérêts financiers, vous profitiez de la visibilité qui sera la vôtre à partir du 12 juin prochain pour demander publiquement la libération des 12 journalistes et net-citoyens qui croupissent en prison. Certains d’entre vous - Coca-Cola et Mac Donalds, sponsors de la Fifa, ont récemment salué la démission du président de la Fédération internationale de football et déclaré qu’elle représentait «un pas dans la bonne direction» pour restaurer la confiance, affichant ainsi votre souci en matière d’éthique, de transparence et d’intégrité. C’est “un pas dans la bonne direction”, ne vous arrêtez pas en si bon chemin. Liste des sponsors internationaux : - British Petroleum - Coca Cola - McDonald's - Motorola - Nestlé - Procter & Gamble - Sitecore - Tissot - Tickethour
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Mise à jour le 20.01.2016

Europe - Asie centrale

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