Chen Guangcheng, en “grand danger”

Reporters sans frontières réitère sa demande, aux autorités américaines, d’accorder leur protection au dissident chinois Chen Guangcheng et à sa famille. “Les autorités américaines doivent assumer leurs responsabilités. En laissant entrer Chen Guangcheng dans leur ambassade, le 26 avril dernier, elles sont devenues responsables de sa sécurité et de celle de ses proches. Reporters sans frontières appelle Washington à faciliter le départ du dissident et de sa famille vers les Etats-Unis dans les meilleurs délais”, a déclaré l’organisation. Le 4 mai, Pékin a annoncé que Chen Guangcheng pouvait partir étudier à l’étranger, notamment aux Etats-Unis où une université lui a attribué une bourse, s’il le souhaitait. Ce qui constitue peut-être le premier signe d’un déblocage de la situation. Il devrait, avec sa famille, pouvoir obtenir rapidement passeports et visas américains afin de pouvoir y poursuivre ses études. Reporters sans frontières appelle le gouvernement chinois à donner des garanties quant à son retour et à sa sécurité au sein du territoire chinois une fois ses études terminées. Chen a quitté l’ambassade, le 2 mai, avant l’arrivée de la secrétaire d’Etat américaine, à l’occasion du “Dialogue économique et stratégique” entre les deux pays. Des proches de Chen ont suggéré qu’il avait fait l’objet de pressions pour accepter de sortir de l’ambassade. Il a ensuite pu téléphoner à Hillary Clinton afin de lui faire part de ses requêtes. Il a alors été emmené dans un hôpital et a pu retrouver son épouse et ses deux enfants, mais serait toujours sans nouvelles du reste de sa famille. Chen avait initialement pour projet de rester en Chine, après avoir reçu l’assurance des autorités chinoises de lui accorder de meilleurs traitements ainsi qu’à sa famille. Mais le gouvernement a très rapidement trahi ses engagements. La surveillance de ses proches a été renforcée pendant qu’il était réfugié à l’ambassade. L’avocat chinois qui lui avait apporté son soutien, Me. Jiang Tianyong, a été emmené le 3 mai par la police, et battu jusqu’à ce qu’il soit “sourd d’une oreille”. Sa femme a fait l’objet de représailles. Attachée deux jours à une chaise, elle a été menacée d’être battue à mort. Le dissident a déclaré à l’Agence France-Presse être “en grand danger” et “dans une situation critique”. Le 3 mai, depuis son lit d’hôpital, le militant des droits de l’homme a directement réitéré au Congrès américain alors en pleine audition sur son cas, son souhait de se rendre aux Etats-Unis. ---------- 30-04-2012 - Chen Guangcheng en lieu sûr, le dissident Hu Jia arrêté puis relâché Alors que la thèse de la présence de l’avocat Chen Guangcheng 陈光诚 à l’ambassade des Etats-Unis semble se confirmer, Reporters sans frontières réitère son appel aux autorités américaines de lui accorder leur protection. Parallèlement, le militant pour la liberté d’expression et contre la censure Hu Jia 胡佳, a été arrêté après avoir publié sur le net une photo de lui avec Chen, a rapporté, le 28 avril 2012, son épouse Zeng Jinyan 曾金燕 sur son compte Twitter : “Sa garde à vue a été prolongée jusqu'à 24 heures. J'ai demandé où Hu Jia allait dormir, ils m'ont répondu ‘sur une chaise’" (传唤延长到24小时,我问胡佳睡哪,说让待椅子上). Hu Jia a été libéré le lendemain, 29 avril 2012. Le couple est assigné à résidence depuis juin 2011 et la sortie de prison de Hu Jia, qui avait purgé une peine de trois ans et demi de prison pour “tentative de subversion” en raison de ses propos publiés sur Internet et des interviews accordées à la presse étrangère. Hu Jia s’est distingué pour son soutien aux malades du sida et par son combat en faveur de l’environnement. Il avait reçu, en 2008, le prix Sakharov pour la liberté de pensée, décerné par le Parlement européen. Reporters sans frontières exige l’arrêt des traitements illégaux infligés à la famille et aux proches de Chen Guangcheng ainsi que la libération de ses assistants et des personnes soupçonnées de l’avoir aidé. L’organisation appelle enfin le gouvernement chinois à mettre fin à l’assignation à résidence qui pèse sur Hu Jia et Zeng Jinyan. Le sort de Chen Guangcheng sera certainement au coeur des conversations entre autorités chinoises et américaines alors que, les 3 et 4 mai prochains, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et le secrétaire au Trésor Timothy Geithner seront dans la capitale chinoise, pour une nouvelle session du “dialogue stratégique et économique" entre les deux pays. ---------- 27.04.2012 - Le célèbre dissident Chen Guangcheng en fuite dans son propre pays Après avoir appris que l'avocat Chen Guangcheng s'était enfui de la résidence à laquelle il était assigné depuis sa sortie de prison en 2010, Reporters sans frontières appelle les autorités compétentes à lui accorder l'asile politique ainsi qu’à sa famille, désormais contrainte à l’exil, si le dissident en fait la demande et s’il se trouve bien, comme certains le pensent, dans une mission diplomatique. “En revanche, si Chen Guangcheng est toujours sur le sol chinois, les autorités chinoises doivent mettre fin à son assignation à résidence, dont les abus ont probablement mené à cette évasion, et cesser le harcèlement à son encontre. Chen Guangcheng mérite de mener une vie normale. C’est son combat pour les droits de l’homme qui a mené à sa détention. Il n’est pas un criminel” a déclaré Reporters sans frontières. L’organisation demande également aux autorités chinoises d’assurer la sécurité des proches de Chen Guangcheng et de ne pas les utiliser comme des monnaies d’échange. Enfin, l’organisation réclame des explications sur les mauvais traitements inadmissibles infligés à Chen Guangcheng et à ses proches durant son assignation à résidence, et exige que les responsables soient sévèrement punis. Après avoir trompé la vigilance de ses gardes, à son domicile de Dongshigu dans la province de Shandong, le 22 avril dernier, le dissident se serait rendu à Pékin “dans un lieu sûr” d’après certains de ses soutiens. Il se trouverait dans une mission diplomatique, peut-être à l’ambassade américaine. Sitôt libéré, Chen Guangcheng a adressé un message vidéo, publié par le site indépendant chinois Boxun, et disponible sur YouTube, au Premier ministre Wen Jiaobo pour lui faire part de ses revendications : - qu’il ordonne une enquête sur les mauvais traitements et passages à tabac infligés à ses proches. dans la vidéo, il nomme des responsables locaux ayant infligé des mauvais traitements à sa femme, son fils, sa mère et lui-même depuis la fin 2010. - que la sécurité de sa famille soit assurée - que les affaires de corruption soient traitées comme il se doit et les responsables punis par la loi. Au moins deux de ses assistants auraient été arrêtés par les autorités, dont He Peirong, qui l’aurait aidé dans sa fuite, et Guo Yushan. Son domicile, où se trouve sa femme, sa mère et sa fille, serait cerné par des forces de police. Son frère et son neveu auraient été battus puis emmenés au poste de police. L’un des dissidents chinois les plus célèbres, qui s’est notamment battu contre les stérilisations forcées, les avortements tardifs et les expropriations de terre, cet autodidacte, aveugle depuis son enfance, est aussi connu sous le nom de l’”avocat aux pieds nus”. Les journalistes chinois ou étrangers, ainsi que les dissidents qui ont tenté de lui rendre visite depuis sa libération en 2010, ont systématiquement été empêchés de l’approcher, parfois agressés par les forces de sécurité qui surveillent son domicile. Cette affaire est d’autant plus embarrassante qu’elle intervient alors que le régime est traversé par une crise interne liée à la disgrâce de l’homme politique, autrefois populaire, Bo Xilai. Par ailleurs, Wen Jiaobo est en pleine tournée européenne et s’apprête à recevoir, la semaine prochaine, Hillary Clinton, qui a publiquement soutenu Chen Guangcheng par le passé.
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Updated on 20.01.2016