Censure préventive imposée par la justice à un quotidien sur demande d'un homme politique

Depuis le 11 mai 2010, le quotidien Diário do Grande ABC est frappé par la justice de l’interdiction de publier le moindre article relatif à une affaire impliquant le maire de São Bernardo do Campo (État de São Paulo), Luiz Marinho. L’élu, ancien ministre du président Lula, aurait fait recycler du matériel scolaire en parfait état. Le Diário do Grande ABC encourt une amende journalière de 500 reais (225 €) en cas d’infraction. L’entreprise de presse a déposé un recours. Le quotidien avait rapporté, le 24 février dernier, que la municipalité envoyait au recyclage du matériel appartenant au réseau public municipal de l’éducation alors que celui-ci était en bon état. Suite à cette publication, Luiz Marinho avait saisi le tribunal d’une demande d’indemnisation pour “dommage moral”, assortie d’une interdiction pour le journal de publier d’autres articles mêlant son nom à ce type d’affaires. Le tribunal civil de Santo André a accédé à sa demande. L’article en question donnait explicitement l’opportunité au maire de s’expliquer, mais ni le plaignant ni la justice ne semblent en avoir tenu compte. Nous estimons cette décision contraire à l’esprit de la Constitution fédérale de 1988 qui consacre la liberté d’expression parmi les principes fondamentaux. Il est incompréhensible, un an après la révocation de la loi de 1967 du régime militaire par le Tribunal suprême fédéral , que perdurent des pratiques de censure directe contre des médias, a fortiori sous la pression d’hommes politiques. De la même manière, le quotidien O Estado de São Paulo avait en effet été condamné pour une affaire impliquant l’entrepreneur Fernando Sarney, fils de l’ancien président de la République et actuel président du Sénat José Sarney.
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Updated on 16.10.2016