Censure du Net et violences contre les journalistes en marge des manifestations

Reporters sans frontières condamne fermement les interpellations et les agressions de journalistes en marge des manifestations qui se sont déroulées les 25 et 26 janvier 2011 dans différentes villes du pays. Les autorités ont tout mis en œuvre pour maintenir à distance les médias, afin que les images des manifestants exigeant le départ du président égyptien, Hosni Moubarak, ne circulent pas. Aucune chaîne télévision n’a pu filmer en direct le rassemblement sur la grande place de Tahrir, au Caire. Dès les premières heures de l’après-midi le 25 janvier, les autorités ont brouillé les réseaux de communication téléphonique portable dans les lieux où les manifestants étaient rassemblés au Caire. Le 26 janvier, les responsables des sociétés téléphoniques Vodafone et Mobile Nile ont nié toute implication dans ces perturbations de réseau, rejetant la responsabilité sur les autorités égyptiennes. Twitter a été bloqué le 25 janvier dans l’après-midi, tout comme le site de streaming bambuser.com. Le hashtag #jan25, en référence aux manifestations, a largement circulé sur le réseau social. Facebook est depuis des années largement utilisé par les dissidents et la société civile égyptienne comme outil de diffusion d’informations et de mobilisation, notamment autour du mouvement du 6 Avril. Le 26 janvier, l’accès à Facebook était bloqué de manière intermittente et inégale en fonction des fournisseurs d’accès à Internet. Des problèmes de ralentissement de connexion ont été signalés, en particulier lors de tentative d’accès aux sites des journaux en ligne Al-Badil, Al-Dustour et Al-Masry Al-Youm, Al-Badil et Al-Dustour qui ont, par la suite, été bloqués. Celui d’Al-Masry Al-Youm a subi d’importantes perturbations, empêchant le site de fonctionner pendant toute l’après-midi du 25 janvier. L’Egypte fait partie de la liste des “Ennemis d’Internet” dressée par Reporters sans frontières, notamment en raison du harcèlement et des arrestations de blogueurs. Pourtant l’Egypte n’a pas jusqu’à présent mis en place, contrairement à la Tunisie ou à l’Iran, de systèmes de filtrage du Net. De nombreux internautes égyptiens ont fait part, sur les réseaux sociaux, de leur exaspération face à ces mesures de censure inhabituelles. Ils commencent donc à utiliser des proxies et des outils de contournement de la censure pour avoir accès aux sites bloqués (voir http://www.anhri.net/?page_id=23178). Sept journalistes du journal Al-Masry Al-Youm ont été agressés alors qu’ils couvraient les manifestations au Caire. Alors qu’il se trouvait sur Qasr Al-‘Aini, Ahmed Al-Hawari, rédacteur du site, a été agressé par trois policiers anti-émeutes, qui ont déchiré sa carte de presse. Bien qu’il criait « je suis journaliste! », il a été frappé à coups de bâton. Il a été relâché quelques heures plus tard. Mostafa Al-Marsafawi a, quant à lui, été blessé par le tir d’une grenade de gaz lacrymogène. La rédaction du journal déclare être sans nouvelles d’un de ses collaborateurs, Mohamed Gamaleddine, depuis 16 heures (heure locale). Une équipe de la chaîne Al-Jazeera a été interpellée dans le quartier de Shubra. Des policiers surveilleraient les bureaux de la chaîne au Caire, et prendraient ses journalistes en filature. Dans la nuit du 25 au 26 janvier alors qu’il se trouvait sur Midan Tahrir, Bilal Fahem, cameraman pour la société de production Cairo News Company (CNC), a reçu onze tirs de balles en caoutchouc, l’atteignant au ventre, dans le dos, au ventre et à l’épaule. Il également été touché au visage. Le preneur de son Karim ‘Atta a reçu de nombreux coups de matraque, principalement aux bras. Tous deux ont été transférés à l’hôpital. Ils en sont sortis quelques heures plus tard. Yahia Fahem, également cameraman pour CNC, a, quant à lui, été agressé devant les locaux de la société de production par des policiers en civil, avant d’être brièvement interpellé. Le 26 janvier, vers 13 heures (heure locale), trois journalistes de la chaîne japonaise Asahi, Kosuke Okuno, Yoshihisa Nomura et Chaïmaa Sami, ainsi que leur chauffeur Hani Morsi, ont été brièvement interpellés, alors qu’ils essayaient de prendre des images sur Midan Tahrir.
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Updated on 20.01.2016