Birmanie : RSF demande une enquête sérieuse sur le meurtre du journaliste Wai Yan Heinn

Reporters sans frontières est choquée par la mort de Wai Yan Heinn, éditeur de l’hebdomadaire The Iron Rose, travaillant également pour le journal The Sun Rays (Thuriya Nay Win), dont le corps a été retrouvé sur son lieu de travail par ses proches le 16 avril à Rangoun. L’organisation demande aux autorités birmanes de mener une enquête rapide sans omettre la piste journalistique.

Alertés par des voisins, les parents de Wai Yan Heinn ont retrouvé le corps de leur fils dans les bureaux de The Iron Rose, dans le quartier de Pazundaung. Selon la police, le jeune homme de 27 ans a reçu une quinzaine de coups de couteau. Le corps du journaliste aurait été recouvert d’un tissu et laissé plusieurs jours dans la pièce avant qu’il ne soit découvert. La police a lancé une enquête afin de déterminer le moment précis du drame.


L’hebdomadaire The Iron Rose est connu pour ses critiques envers les corps militaire et politique. Les dernières Unes du journal étaient consacrées à des articles critiques envers d’anciens généraux de la junte et à des hommes d’affaires proches de ces militaires.


Nous adressons toutes nos condoléances à la famille et aux proches de Wai Yan Heinn, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Nous appelons les autorités à allouer des ressources suffisantes afin de permettre une enquête rapide et approfondie, sans omettre la piste journalistique. Alors que la famille du journaliste Soe Moe Tun attend toujours des avancées significatives dans l’enquête sur le meurtre du journaliste survenu il y a plus de quatre mois, toute économie de moyens par la police enverrait un signal négatif pour la profession, et engendrerait un climat d’impunité intolérable.


Au cours des derniers mois, RSF s’est inquiétée à plusieurs reprises des violences à l’encontre des professionnels de l’information et de l’impunité dont jouissent leurs auteurs, dans un pays où la démocratie et la liberté d’expression demeurent des notions fragiles. En décembre 2016, RSF a relayé les préoccupations de la société civile et des défenseurs des droits de l’homme quant au sort des journalistes en Birmanie après le meurtre de Soe Moe Tun, qui avait notamment enquêté sur un projet minier controversé et sur la déforestation illégale dans le nord-ouest du pays. Il est le deuxième journaliste tué depuis la fin du régime militaire de 2011, Aung Kyaw Naing, (également connu sous le nom de Par Gyi) ayant été tué en 2014 alors qu’il était détenu par des militaires birmans.


De même, l’explosion en mars 2016 d’une bombe au domicile de Min Min, journaliste de la Root Investigative Agency, faisait ressurgir les inquiétudes concernant l’insécurité croissante des journalistes dans le pays.


La Birmanie occupe toujours le bas du Classement mondial de la liberté de la presse en 2016, à la 143ème place sur 180 pays.

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Mise à jour le 23.08.2019