Birmanie

Nom de domaine : .mm
Population : 48137000
Internautes : 250 000
Prix moyen d’une heure de connexion dans un cybercafé : environ 0,40 euros
Salaire moyen mensuel : environ 20 euros
Nombre de net-citoyens emprisonnés : 2 Deux hauts fonctionnaires condamnés à mort pour avoir envoyé des documents par e-mail à l'étranger : on ne plaisante pas avec la censure du Net en Birmanie. Filtrage massif de sites et ralentissement brutal en période de troubles constituent le quotidien d'Internet dans le pays. La junte militaire considère les net-citoyens comme des ennemis. La législation qui régit Internet – l'Electronic Act – est l'une des plus liberticides au monde. Un firewall rigide Le 'firewall” birman applique une censure stricte, qui cantonne les utilisateurs à un intranet épuré des critiques du régime. Seule l'utilisation de proxies ou d'autres outils de contournement de la censure permet l'accès au World Wide Web. Parmi les sites bloqués : les médias birmans en exil, les proxies et autres outils de contournement de la censure, certains médias internationaux, des blogs et des sites qui proposent des bourses d'études à l'étranger. Les autorités assurent un blocage de sites et d'URLs. La censure n'est pas consistante : par exemple le site www.peoplemediavoice.com est filtré, mais sa version identique sur www.peoplemediavoice.net ne l'est pas. La consultation des messageries privées est également restreinte. Officiellement, il est interdit aux internautes d’utiliser des services de messagerie autres que ceux fournis par le gouvernement. Les webmails Yahoo! et Hotmail sont bloqués dans le pays mais peuvent être consultés via des proxies. La vitesse de connexion, baromètre de la situation politique intérieure La vitesse de connexion ordinaire d'une ligne est de 512kb, soit l'équivalent d'une connexion individuelle ADSL basique en Europe, mais une ligne est partagée par plusieurs utilisateurs, ralentissant de fait les activités en ligne. Il faut compter une dizaine de secondes pour ouvrir un e-mail, ou charger une page. Passer par un proxy accélère les choses. En revanche, les cybercafés, principaux points de connexion dans un pays où l'abonnement individuel est très coûteux et soumis à une autorisation étatique, doivent partager cette ligne 512 kb avec 10 à 15 ordinateurs, ce qui ralentit la vitesse de connexion. Une ligne 512kb est nécessaire pour utiliser Gtalk et Skype en temps réel. En cas de tensions politiques dans le pays, la vitesse de connexion connaît alors un fort ralentissement, quand la junte ressent le besoin d'éviter les “fuites d'informations à l'étranger”. En mai et juin 2009, au moment où la dirigeante de l'opposition Aung San Suu Kyi passait en procès pour avoir violé les termes de sa résidence surveillée en hébergeant un ressortissant américain, le régime n'avait pas hésité à couper les lignes téléphoniques et Internet de la ville où elle était détenue. Et les internautes birmans avaient constaté un fort ralentissement des connexions au niveau national, avec pour conséquence l'impossibilité d'envoyer des vidéos. Il fallait alors près d'une heure pour envoyer un simple e-mail sans attachement. Selon des sources locales, le gouvernement serait prêt à couper à nouveau l'accès à Internet, comme il l'avait fait en 2007, lors des élections d'octobre 2010, pour assurer un contrôle total de l'information. Les sources d'information indépendantes, bêtes noires du régime Les journalistes qui collaborent avec les médias en exil et les blogueurs sont dans la ligne de mire des autorités, et ce particulièrement depuis la révolution safran de 2007 et les condamnations internationales qui ont suivi la large diffusion des images de la répression. Elles utilisent sans vergogne une législation particulièrement répressive, l’Electronic Act, adoptée en 1996, et qui concerne Internet, la télévision et la radio. Cette loi interdit l’importation, la possession et l’utilisation d’un modem sans permission officielle, sous peine d’être condamné à quinze ans de prison pour "atteinte à la sécurité de l’Etat, à l’unité nationale, à la culture, à l’économie nationale, à la loi et à l’ordre". Nay Phone Latt (http://www.nayphonelatt.net/), arrêté en 2008, a écopé de 15 ans de prison pour possession d'un film “subversif”. Le blogueur a développé des problèmes de vision en prison. Le célèbre comédien Zarganar a été condamné à trente cinq ans de prison après avoir diffusé sur Internet des articles critiquant la gestion par les autorités de l’aide humanitaire suite au passage du cyclone Nargis. Son blog (lien) était l’un des sites birmans les plus consultés à l’intérieur du pays. Le 31 décembre 2009, Hla Hla Win, une journaliste vidéo qui collaborait pour la télévision Democratic Voice of Burma (DVB), basée en Norvège, a écopé de 20 ans de prison. En janvier 2010, le journaliste Ngwe Soe Lin a été condamné à 13 ans de prison, lui aussi pour avoir travaillé pour DVB. Il avait été arrêté dans un café internet du quartier de Kyaukmyaung de Rangoon le 26 juin 2009. En s'en prenant à ces internautes et journalistes, la junte tente d'intimider les critiques potentielles et de contraindre ses citoyens à l'autocensure. Les publications en ligne sont soumises – tout comme les médias d'Etat – à une censure préalable, qui écrème sans pitié tout sujet un tant soit peu sensible. Des sites de médias birmans en exil, tels que Mizzima et Irrawaddy, ont à nouveau été les cibles de cyber-attaques en 2009. Sous haute surveillance Les propriétaires des cybercafés subissent de plus en plus de pressions de la part des autorités. Ils avaient déjà l’obligation de prendre des captures d’écran toutes les cinq minutes sur chaque poste et d'être capables de fournir le numéro de la carte d’identité de chaque utilisateur, son numéro de téléphone et son adresse si la police les demandait. Désormais, il leur est spécifiquement interdit d'aider un client à créer un compte de messagerie, notamment Gmail, ou à utiliser un proxy, sous peine de fermeture. De nombreux cybercafés ont mis la clé sous la porte ces derniers mois, en partie en raison des “risques” du métier, mais aussi à cause des problèmes pratiques : coupures d'électricité, frais élévés de maintenance, connexion lente, faible fréquentation. Malgré tout, des blogs fleurissent. Un sondage réalisé par la Burma Media Association, en août 2009, a recensé l'existence de plus de 800 blogs, hébergés principalement par Blogspot et WordPress. 80 % sont en birman, 8 % en anglais et 10% sont bilingues. Les trois quarts des blogueurs ont entre 21 et 35 ans et ont fait des études. Plus de la moitié sont en Birmanie et ont commencé à bloguer depuis moins d'un an. La plupart se concentrent sur des thématiques liées au divertissement. Seulement 6 % traitent de sujets liés à l'actualité. Une possible “ouverture à la chinoise” ? Alors que la Birmanie présente l'un des taux de pénétration d'Internet les plus faibles au monde, le régime est en train de construire sa “Silicon Valley”, dénommée Yadanabon Cyber City. Non pas pour développer l'accès de ses citoyens à un Internet libre, mais pour en centraliser le contrôle avant les élections prévues pour l'automne 2010 dans le cadre de la “feuille de route vers la démocratie”, un projet de réforme politique lancé début 2003 par la junte. D'après des médias d'Etat, ce centre d'affaires serait amené à devenir le centre névralgique des communications nationales. Pour le moment, priorité est donnée à l'établissement de lignes de téléphone fixe et portable pour les entreprises qui s'installent dans ce centre d'affaires. Internet viendra ensuite. On ne se débarrasse pas du jour au lendemain des réticences de certains généraux vis-à-vis des communications. La junte utilise pour le moment un satellite thaï pour connecter le pays à Internet mais elle aurait pour projet de lancer son propre satellite de communication, via une fusée chinoise ou indienne. Avec sa “Silicon Valley” et son propre satellite, le régime militaire semble s'engager sur la voie d'un développement des infrastructures d'Internet pour des raisons économiques. Parallèlement, il se tient prêt à couper toute connexion et à isoler à nouveau complètement le pays au moindre soupçon de “trouble intérieur”. Liens :
http://www.dvb.no/ (Democratic Voice of Burma) : média birman d’opposition, en exil en Norvège
http://www.burmanet.org : Burmanet News
http://www.irrawaddy.org : site du magazine d’opposition en exil The Irrawaddy.
http://www.blc-burma.org/html/myanmar%20law/lr_e_ml96_08.html : texte de la loi de 1996 régulant l’Internet birman. http://www.bma.co.cc/ : Burma Media Association
Publié le
Updated on 20.01.2016