Bilan de l'aide financière de Reporters sans frontières aux journalistes et médias en danger en 2010

Au cours de l’année 2010, Reporters sans frontières a attribué 226 bourses d’assistance à des journalistes et médias en difficulté. Aide aux journalistes en exil, prise en charge de frais médicaux, soutien financier aux familles, achat de matériel, paiement d’honoraires d’avocats, etc, les actions d’accompagnement ont varié selon les situations. Répartition géographique des bourses Répartition selon l'objet des bourses Aider les journalistes iraniens et cubains en exil Le soutien des journalistes contraints à l’exil a été une priorité en 2010. De nombreux professionnels des médias, 127 journalistes au total venant de 23 pays - principalement d’Iran, de Somalie et d’Erythrée - ont dû quitter leurs pays pour échapper à la violence ou à l’oppression. Reporters sans frontières a poursuivi son programme d’actions, lancé en novembre 2009, auprès des journalistes et des citoyens du Net fuyant l’Iran suite à la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad et à la répression sans précédent dont a été victime la presse. La chasse aux défenseurs des droits de l’homme n’a pas faibli depuis juin 2009 provoquant un exode massif de journalistes et de blogueurs en quête d’un lieu sûr. L’organisation est également venue en aide aux journalistes cubains exilés. Le 7 juillet 2010, le gouvernement de La Havane a promis au gouvernement espagnol de libérer, en quatre mois, les derniers prisonniers politiques arrêtés lors de la vague de répression du “Printemps noir”, en mars 2003. Seize journalistes cubains ont ainsi transité par Madrid, en Espagne, la plupart établis depuis dans le pays. Après le soulagement de la libération, ils souffrent du sentiment de déracinement et de la précarité. Reporters sans frontières les soutient. Du matériel professionnel a été fourni à plusieurs d’entre eux et l’organisation poursuit son action d’accompagnement de ces « excarcelados » afin que, plusieurs mois après leur accueil médiatisé, ils ne soient pas oubliés. Répartition selon les bénéficiaires de l'aide Situation carcérale, permettre l’accès aux soins et à un avocat Au Cameroun, les directeurs de publication de Cameroun Express, La Nation et Le Devoir ont été incarcérés en mars 2010 pour « faux et usage de faux ». Après avoir demandé leur libération, l’organisation a interpelé les pouvoirs publics sur leur état de santé, notamment celui de Bibi Ngota. Le journaliste est finalement décédé dans la prison de Kondengui, faute de soins, le 22 avril dernier. Quelques mois plus tard, son confrère, Robert Mintya, a été agressé dans sa cellule. Reporters sans frontières a immédiatement assuré les frais d’hospitalisation, lui permettant de recevoir un traitement médical adapté alors que son pronostic vital était engagé. Le troisième détenu, Serge Sabouang, a été également soutenu financièrement : au Cameroun, les détenus doivent payer pour leurs besoins quotidiens en prison. Finalement, ces deux journalistes ont bénéficié, le 24 novembre 2010, d’une mise en liberté provisoire, après neuf mois de détention. En Somalie, Abdifatah Jama Mire, directeur de la radio Horseed Media FM émettant au Puntland a été condamné à 6 ans de prison pour avoir diffusé un entretien avec un chef rebelle lié à Al-Qaida. Le journaliste était accusé d'avoir « violé les lois anti-terroristes » de la région semi-autonome. Son procès a été expéditif : il a comparu seul, 24 heures après son arrestation. Grâce à la défense assurée par un avocat, dont les honoraires ont été pris en charge par Reporters sans frontières, le président de la cour d’appel a confirmé que les charges contre le journaliste étaient infondées. Le 8 novembre, ce-dernier a bénéficié d’une mesure de pardon de la part du président du Puntland, après 86 jours de détention. Agir en cas de catastrophes naturelles Les catastrophes naturelles qui ont frappé Haïti et le Pakistan, en janvier et en août 2010, ont provoqué des drames humanitaires d'envergure. L’information aux populations est une nécessité cruciale en période de crise. Reporters sans frontières a contribué à la poursuite du fonctionnement des médias papier et radio. Au Pakistan, l’organisation a apporté un soutien financier à trois publications indépendantes - Shamal, Salam et Chand - de la vallée de Swat, une des régions les plus touchées par les inondations d’août dernier. Les frais de carburant pour les générateurs ont été pris en charge. En Haïti, le Centre opérationnel des médias de Port-au-Prince a été mis en place par Quebecor et Reporters sans frontières, avec l’appui de la Fondation de France et de la Francophonie des Amériques, le 21 janvier 2010. Il met à disposition des journalistes haïtiens de la presse écrite et en ligne le matériel nécessaire à l’exercice de leur métier. Ces actions ont pu être menées notamment grâce au soutien actif de l’instrument de développement européen des droits de l’homme (IEDHR) de l’Union européenne, dont Reporters sans frontières est bénéficiaire.
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Mise à jour le 25.01.2016