Audience très attendue sur l’état de la liberté d’expression devant la CIDH ; un directeur de radio interdit de quitter le territoire

Dans un contexte tendu entre le gouvernement et une partie de la presse privée, Reporters sans frontières exprime son souhait de voir des solutions se dégager lors d’une audience sur l’état de la liberté d’expression en Équateur prévue à Washington D.C, ce 25 octobre 2011 (16h30 locales), devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH). Cette session est d’autant plus attendue qu’y participeront notamment le ministre des Affaires étrangères, Ricardo Patiño, sa collègue de la Justice, Johana Pesántez, et le secrétaire national de Communication, Fernando Alvarado Outre les principales organisations professionnelles et l’observatoire Fundamedios, sont attendus les protagonistes des principales affaires de presse qui ont suscité les foudres judiciaires du président Rafael Correa en personne : Cristian Zurita et Juan Carlos Calderón, auteur du livre “Le grand frère” et trois directeurs du quotidien El Universo lourdement condamnés pour “injure calomnieuse”. Ce dernier cas fait, depuis le 5 octobre, l’objet d’un recours devant la Cour nationale de Justice de Quito. Le recours en question ne concerne pas l’éditorialiste Emilio Palacio, condamné dans la même affaire, aujourd’hui en fuite aux États-Unis mais dont le président Rafael Correa a renoncé à exiger l’extradition. “Cette confrontation directe sous les auspices de la CIDH doit être l’occasion de solder le contentieux aggravé par la sanction – exorbitante – prononcée contre le quotidien El Universo et rappeler l’État équatorien aux obligations qu’impose en la matière son adhésion à la Convention américaine des droits de l’homme. Nous nous félicitons de la participation à ce débat de trois personnalités du gouvernement, qui a lui aussi donné des gages, comme la récente annulation de la procédure engagée contre sept radios à la suite d’un débat consacré à la liberté d’expression. Au-delà, puisse cette audience permettre de jeter les bases d’un compromis sur la future loi de communication, actuellement rediscutée à l' Assemblée nationale”, a déclaré Reporters sans frontières. L’attribution et de la gestion des fréquences constituent un autre thème majeur du débat. A cet égard, Reporters sans frontières regrette que Wilson Cabrera, directeur de la radio La Voz de la Esmeralda Oriental réduite au silence depuis avril dernier, n’ait pu embarquer, le 23 octobre, à l’aéroport international de Quito alors qu’il devait lui aussi se rendre à l’audience de la CIDH. Le journaliste a été informé qu’il lui était interdit de sortir du pays en raison d’une mesure de contrôle judiciaire émanant du tribunal de Guayas, à laquelle il était soumis depuis le 19 juin 2007. Wilson Cabrera a assuré à Reporters sans frontières n’en avoir jamais eu connaissance. “A supposer qu’il n’y ait pas de lien direct entre cette interdiction de sortie du territoire et la convocation devant la CIDH, Wilson Cabrera n’aurait jamais entrepris ce voyage s’il avait été dûment informé d’une mesure judiciaire, vieille de quatre ans, le concernant. L’intérêt de sa participation à l’audience justifie qu’il puisse s’y déplacer. Nous demandons de toute urgence qu’une autorisation de sortie lui soit accordée aujourd’hui”, a conclu Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016