Assassinats des fils d’un journaliste : un avertissement pour la profession?

Le 25 octobre 2012, les fils du journaliste du Daily Express et de la chaîne Express News TV, Nadeem Gurjinari ont été tués par balles par des individus en moto à Khuzdar, ville de la province du Baloutchistan (Sud-Est). Siraj Ahmed Khan, 25 ans est mort sur le coup et son frère, Manzoor Ahmed Khan, 22 ans a été transporté à l’hôpital où il a succombé à ses blessures dans la matinée du 26 octobre. Nadeem Gurjinari, président du Club de Presse de Khuzdar et journaliste pour Daily Express et la chaîne Express News TV, faisait l’objet de menaces récurrentes. A cause de l'intensification des représailles contre les professionnels des médias, Nadeem Gurjinari avait récemment cessé d’écrire des articles. Reporters sans frontières demande aux autorités de mener, dans les plus brefs délais, une enquête indépendante sur ces deux assassinats, et de ne pas écarter la piste de représailles potentielles dirigées à l'encontre de leur père, un journaliste reconnu. “Si une telle piste se confirmait, alors les ennemis de la liberté de l'information atteindraient un niveau de cruauté extrême et signifieraient leur mépris absolu des libertés fondamentales défendues courageusement par les professionnels des médias”, a déclaré l’organisation. L’Union des journalistes du Baloutchistan (BUJ) condamne cette attaque: “Nous avons rappelé de nombreuses fois au gouvernement que la vague continue de violence contre les journalistes devait être contrôlée, et le gouvernement nous a systématiquement déçu” a confié Essa Tareen, président de la BUJ, à Reporters sans frontières. “Le Baloutchistan est l’une des régions les plus dangereuses au monde pour la presse. Pris en étau entre les forces du gouvernement et les forces armées baloutches, les journalistes subissent les conséquences de l’impunité qui règne autour des assassinats et des attaques envers les professionnels des médias. Celle-ci ne fait qu’encourager l’escalade de la violence et l’autocensure, désormais l’unique solution pour rester en vie dans cette région. Nous appelons le gouvernement à réagir de toute urgence face aux attaques répétées à l'encontre de la presse”, a ajouté Reporters sans frontières. Le 29 septembre 2012, Abdul Haq Baluch, journaliste de la chaîne ARY News TV, du quotidien Daily Awan, et du journal Tawar a été tué par balles à Khuzdar, ville où les fils de Nadeem Gurjinari ont été abattus. Au moins huit journalistes ont déjà perdu la vie au Pakistan depuis le début de l’année 2012, dont au moins trois au Baloutchistan. En 2011, pour la deuxième année consécutive, le Pakistan se distinguait en tant que pays le plus meurtrier au monde pour les journalistes avec 10 tués. Le Pakistan se situe à la 151e place, sur 179 pays, dans le classement mondial 2011-2012 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016