Assassinat d’une figure reconnue et impertinente du journalisme irakien

Reporters sans frontières condamne avec force l’assassinat d'Hadi Al-Mahdi, ce 8 septembre 2011 à Bagdad, dans le quartier d’Al-Karada (centre de la capitale). Le corps sans vie du journaliste, atteint de deux balles dans la tête, a été retrouvé vers 19 heures (heure locale), à son domicile. Cet assassinat intervient à la veille de manifestations organisées sur le plan national. Le journaliste était connu pour ses prises de position en faveur de ces rassemblements. Les motivations politiques de ses assassins ne fait aucun doute. L’organisation adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches, ainsi qu’à ses collègues. Elle exhorte les autorités irakiennes à ouvrir très rapidement une enquête sur cet assassinat et à mettre tous les moyens en œuvre afin de trouver les coupables et les traduire en justice. Ce crime ne doit pas rester impuni. Ce journaliste chiite, 44 ans, marié à une Kurde, animait une émission de radio, intitulée « To whoever listens », sur Radio Demozy (104,01 FM), programmée trois fois par semaine. Un des talk shows les plus écoutés dans la capitale irakienne. L’impertinence de son ton, la justesse de ses critiques n’épargnait personne, n’hésitant pas à mettre en cause le Premier ministre comme ses détracteurs, dénoncer la corruption, ou encore l’état déplorable du système éducatif en Irak. D’après les messages qu’il avait envoyé à ses proches, il apparaît clairement que Hadi Al-Mahdi se savait menacé. Il avait reçu de nombreux avertissements, et n’avait pas hésité à prévenir ses amis, deux jours avant son assassinat qu'un drame pouvait se produire (http://alalemya.com/alalemya_news/0_2011_5_/11_/11_9_1/8-9/hadi-al-mahdi.html). Mais il était déterminé à braver le danger, à tenir tête. Il avait d’ailleurs été arrêté le 25 février dernier, avec trois autres collègues, à l’issue de manifestations qu’il couvrait sur la place Tahrir à Bagdad. Menottés et les yeux bandés, ils avaient été roués de coups et fait l’objet de menaces. Diplômé en 1989 de l’Académie des Beaux Arts de Bagdad, il avait fui son pays pour trouver refuge en Syrie, puis en Suède. Il était revenu en Irak en 2007, après près de dix-huit années passées en exil. Il avait commencé à animer « To whoever listens » un an plus tard, pour Radio Demozy, média indépendant. (Lire article dans le New York Times). Hadi Al-Mahdi est le septième journaliste irakien assassiné depuis le début de l’année 2011, et le douzième depuis le retrait des forces armées américaines d’Irak fin août 2010. Cet assassinat intervient un mois après l’adoption, par le Parlement irakien, d’une loi pour la protection des journalistes, le 9 août dernier.
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Mise à jour le 20.01.2016