Assassinat de Hrant Dink : la piste politique fait son entrée dans l'enquête

“Reporters sans frontières est alarmée par les possibles ramifications politiques établies par l'enquête sur l'assassinat de Hrant Dink, et exhorte les autorités turques à poursuivre leurs investigations tant que tous les responsables de ce crime n'auront pas été identifiés. L'élucidation de cet assassinat est essentielle pour l'avenir de la Turquie, il ne serait pas acceptable de se contenter de juger les seuls hommes de main. De nombreux éléments semblent indiquer que l'assassinat de Hrant Dink aurait bénéficié du soutien de nombreux acteurs de la société. Si tel est bien le cas, il appartient aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre un terme à ces agissements”, a déclaré l'organisation de défense de la liberté de la presse. Le 25 mars 2007 au soir, cinq personnes ont été placées en garde à vue, dont le responsable de la branche de Trabzon du Parti de la Grande Union (BBP, extrême-droite), Yasar Cihan, ainsi qu'un membre de son bureau, Halis Egemen. Tous deux sont suspectés d'être impliqués dans l'assassinat du journaliste turc d'origine arménienne, abattu devant les locaux de son journal (Agos) le 19 janvier 2007. Les cinq personnes ont été transférées à Istanbul pour y être interrogées. Parmi les éléments alimentant les soupçons qui pèsent sur Yasar Cihan, figure notamment une photo le montrant en compagnie du dirigeant du Parti de la Grande Union et d'Erhan Tuncel, l'un des présumés instigateurs de l'assassinat et informateur de la police. Par ailleurs, un rapport du ministère de l'Intérieur consacré à l'enquête menée au sein de la Direction de la sécurité d'Istanbul dont les médias ont pu obtenir copie, accuserait le chef de la police d'Istanbul, Celalettin Cerrah, d'avoir négligé de protéger Hrant Dink, bien qu'il ait été averti par la police de Trabzon d'un projet d'attentat contre le journaliste. Selon la chaîne d'information en continu NTV, Erhan Tuncel aurait averti par dix-sept fois, et non à quatre reprises, la police de Trabzon de ce projet, sans que cette dernière en informe son homologue d'Istanbul. Les procès-verbaux du dernier interrogatoire de Tuncay Uzundal, l'un des suspects, auraient également été falsifiés par les policiers de la ville de Trabzon.
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Updated on 20.01.2016