Arrêté début juin, un cyberdissident risque jusqu'à 5 ans de prison

Le procès de Zouhair Yahyaoui, fondateur du site d'informations TUNeZINE.com, devant le tribunal de Tunis a été reporté au 20 juin. Le journaliste risque jusqu'à cinq ans de prison pour "diffusion de fausses nouvelles". Lire "Le cybertagueur de Tunis est tombé", par Taoufik Ben Brik.

13.06.2002 - Report du procès Le 13 juin, le procès de Zouhair Yahyaoui, fondateur du site d'informations TUNeZINE.com, devant le tribunal de première instance de Tunis a été reporté au 20 juin. Le journaliste risque jusqu'à cinq ans de prison pour "diffusion de fausses nouvelles". Il est également accusé de "vol et utilisation frauduleuse de moyens de communication", un délit pour lequel, selon ses avocats, il risque jusqu'à cinq ans de prison en vertu du Code de communication tunisien. 12.06.2002 - Arrêté début juin, un cyberdissident risque 5 ans de prison    Le 13 juin, Zouhair Yahyaoui, fondateur du site d'informations TUNeZINE.com, comparaîtra devant la 4e chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Tunis. Reporters sans frontières avait protesté contre son arrestation, le 4 juin, et demandé sa libération immédiate au ministre de l'Intérieur, Hedi M'Henni. "Le cyberdissident risque jusqu'à cinq ans de prison simplement pour avoir diffusé des informations sur Internet. C'est tout simplement scandaleux. On est d'autant plus inquiets que l'on craint que d'autres cyberdissidents ne soient arrêtés dans les jours à venir. Depuis le référendum sur la Constitution, le 26 mai, le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali se permet tous les abus contre les opposants. On se demande bien jusqu'où il va aller", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, Zouhair Yahyaoui, fondateur de TUNeZINE.com, comparaîtra jeudi 13 juin 2002 devant la 4e chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Tunis présidée par le juge Akram Mnekkebi. Il est poursuivi selon l'article 306 bis alinéa 2 du code pénal qui précise : "Est puni d'un emprisonnement de six mois à cinq ans et d'une amende de 200 à 2 000 dinars tunisiens toute personne qui aura communiqué ou divulgué une information qu'elle savait être fausse dans le but de faire croire à un attentat contre les personnes ou contre les biens qui serait punissable de peines criminelles". Zouhair Yahyaoui avait été arrêté, le 4 juin à 19 heures, par six policiers en civil dans le local du cybercafé de Tunis où il tenait une permanence. Les policiers n'ont présenté aucun document et n'ont donné aucun motif à son arrestation. Le journaliste a ensuite été conduit à son domicile, où les policiers ont effectué une fouille de sa chambre et saisi son matériel informatique personnel. Ses avocats qui lui ont rendu visite le 11 juin à la prison civile du 9 avril, à Tunis, ont précisé qu'il était "en bonne santé". Zouhair Yahyaoui écrivait sous le pseudonyme "Ettounsi" qui signifie le Tunisien en arabe. Il avait fondé le site en juillet 2001 pour diffuser des informations sur la lutte en faveur de la démocratie et des libertés en Tunisie et publiait en ligne des documents de l'opposition. Il avait été l'un des premiers à diffuser la lettre dénonçant le système judiciaire du pays adressée au président de la République par le juge Mokhtar Yahyaoui, dont le journaliste est le neveu. Du 26 au 28 mai, le journal avait organisé une conférence sur le thème du référendum et de l'organisation de l'opposition en Tunisie, qui avait connu une très forte participation.    Le site avait été censuré par les autorités dès sa création. Mais les Tunisiens recevaient chaque semaine une liste de "proxy", ou chemins détournés, pour accéder au journal en dépit du blocage. Quelques heures après l'arrestation de son rédacteur, le site a totalement disparu du réseau Internet. La police aurait obtenu du journaliste le mot de passe de mise en ligne. Depuis, le site a été remis en ligne mais il est impossible d'y avoir accès depuis la Tunisie sans des "proxy" très puissants. Reporters sans frontières rappelle qu'au cours des six mois écoulés, un journaliste a été incarcéré, deux professionnels des médias ont été agressés, deux publications saisies et deux journaux suspendus. Pour en savoir plus sur le site de Zouhair Yahyaoui
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Mise à jour le 20.01.2016