Arrestations inacceptables de militants des droits de l’homme

Abdeljalil al-Singace, directeur d'al Haq (mouvement pour les libertés civiles et la démocratie), blogueur et universitaire, a été interpellé le 13 août, alors qu’il rentrait de Londres où il participait à un séminaire sur la détérioration des droits de l’homme au Bahreïn. Il a été accusé de diffamation envers les autorités judiciaires et exécutives du royaume de Bahreïn et d’avoir « publié de fausses informations sur les affaires internes du pays » dans le but d’en salir l’image. Cette arrestation coïncide avec celle de sept autres citoyens d’obédience chiite, entre le 15 août et le 17 août, suspectés d’avoir organisé un réseau visant à déstabiliser le royaume : Abdul Ghani al-Kanjar, porte-parole du Comité national bahreïni pour les martyrs et victimes de la torture, Mohammed Saeed, membre du board du Centre des droits de l’homme de Bahreïn, Jaafar Hisabi et des religieux Mohammed al Muqdad, Saeed al Nouri, Abdulhadi al-Mokhoder et Mirza al-Mahrus. Reporters sans frontières demande leur libération immédiate. Les militants n’ont fait que dénoncer les atteintes aux libertés fondamentales dans leur pays. Cette vague de détentions arbitraires vise à faire taire ceux qui, par leurs déclarations et prises de position publiques, gênent les autorités, particulièrement à l’approche des élections parlementaires du 23 octobre prochain. L’arrestation d’ Abdeljalil al-Singace est intolérable, surtout considérant son état de santé précaire. Des manifestations de soutien ont éclaté suite à cette série d’arrestations. Les autorités cherchent à étouffer l’affaire. La couverture médiatique de ces arrestations a été étroitement contrôlée, la presse n’exposant que les seules allégations des autorités. La police anti-émeutes a dispersé, à coups de gaz lacrymogène, les proches d’Abdeljalil al-Singace qui s’étaient rassemblés devant le parquet. Depuis leur arrestation, les huits personnes arrêtées n ‘ont pu s’entretenir avec leur avocat. Le blog d’al-Singace, nommé Fassila (http://alsingace.katib.org), a été fermé par les autorités en février 2009. Le blogueur et universitaire y critiquait le recours systématique de la torture dans les prisons, les discriminations dont font l’objet les citoyens chiites et l’état déplorable des libertés fondamentales dans le pays. Abdeljalil al-Singace et Abdul Ghani al-Kanjar avaient, tous deux, déjà été arrêtés en 2009 pour avoir prétendument lancé une campagne de déstabilisation contre le gouvernement. Al-Singace est handicapé et souffre de plusieurs maladies.
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Updated on 20.01.2016