Arrestation d’un blogueur d’opposition un an avant l’élection présidentielle : le tour de vis continue

Reporters sans frontières condamne fermement la détention arbitraire du blogueur et activiste d’opposition Zaur Gurbanli, dont elle réclame la remise en liberté immédiate. « Il n’y a guère de doutes que l’arrestation de Zaur Gurbanli est liée à ses activités en ligne et à son engagement politique. A un an de l’élection présidentielle d’octobre 2013, Bakou semble moins que jamais disposé à relâcher la pression sur la presse et la société civile, qui s’est de nouveau accentuée depuis que les médias se sont retirés avec la fin de l’Eurovision. Nous appelons l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), qui se réunit ces jours-ci, à prendre en compte cette nouvelle indication de l’état d’esprit des autorités et à voter une résolution ferme pour la libération des prisonniers politiques en Azerbaïdjan », a déclaré l’organisation. Le 29 septembre 2012 au matin, Zaur Gurbanli, blogueur et l’un des leaders du mouvement “NIDA” qui rassemble des jeunes militants de l’opposition, a été arrêté non loin de son domicile à Bakou (capitale). Une dizaine d’individus en civil, se présentant comme des agents du département de lutte contre le crime organisé du ministère de l’Intérieur, l’ont forcé à monter dans une voiture. Zaur Gurbanli a été détenu au secret durant 48 heures, dans un lieu inconnu, privé d’accès à un avocat et à sa famille, sans que les autorités n’expliquent la raison de son arrestation. Ce n’est que le 1er octobre 2012 que le service de presse du ministère de l’Intérieur a annoncé son placement en détention administrative pour quinze jours, jusqu’à la tenue de son procès, pour ne pas avoir coopéré avec la police dans une enquête portant sur du “trafic de drogue”. Les activistes locaux craignent que de nouvelles charges ne soient ajoutées au terme de l’enquête en cours. L’avocat de Zaur Gurbanli, Ashabali Mustafayev, a confié à Radio Free Europe / Radio Liberty, qu’il travaillait à ce que la détention ne soit pas prolongée au-delà de ces quinze jours. Après son arrestation, les policiers ont emmené le blogueur pour procéder à une perquisition dans les locaux du mouvement de jeunesse “Changement positif”, où ils ont saisi environ 8 000 brochures de NIDA publiées en amont de l’élection présidentielle de 2013. Ces brochures présentent le profil du président Ilham Aliev avec ce slogan: « Je partirai en 2013 si vous rejoignez NIDA ». Zaur Gurbanli est une figure connue de la blogosphère et des milieux d’opposition azerbaïdjanais. Membre de la campagne “Sing for democracy” lancée à l’occasion de l’Eurovision, il est l’auteur de nombreux articles critiques des autorités. Il avait récemment publié un article qualifiant de “ridicule” et “honteux” le fait qu’un poème de la fille du Président, Leyla Alieva, figure dans un manuel scolaire de littérature azerbaïdjanaise. L’arrestation du blogueur intervient également une semaine après l’éclatement d’un scandale de corruption impliquant une députée du parti au pouvoir, Gular Ahmadova. Les blogueurs et activistes en ligne sont régulièrement la cible du harcèlement des autorités ces dernières années. Après la libération des célèbres blogueurs Emin Milli et Adnan Hajizade en 2010, une nouvelle vague de répression s’est abattue sur les net-citoyens suite aux manifestations de l’opposition au printemps 2011, dans la foulée du printemps arabe. L’Azerbaijan est situé à la 162e place (sur 179) du dernier classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016

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