Alors que les massacres se poursuivent à l’abri des caméras en Syrie et au Yémen, la situation se stabilise au Bahreïn

SYRIE

Alors que le mouvement de protestation prend de l’ampleur dans le pays, quatre mois après le début des manifestations, la répression contre la population civile s’intensifie. Si le nombre de professionnels de l’information actuellement emprisonnés est en diminution, en comparaison avec les mois passés, ceux-ci restent une cible privilégiée des autorités, qui cherchent toujours à entraver la circulation de l’information relative à la répression. Le massacre peut continuer, loin des caméras et du regard des journalistes. Reporters sans frontières condamne l’arrestation de Omar Al-Assad, le 3 juillet 2011 au soir, alors qu’il assistait à l’enterrement d’un manifestant, à Al-Qaddam, banlieue située au sud-ouest de Damas. Ce journaliste et activiste, né en 1987, a collaboré avec de nombreuses publications, notamment avec les quotidiens As-Safir, Al-Hayat, ainsi qu’avec la chaîne Al-Jazeera depuis le début du soulèvement populaire. Il étudie le journalisme à l’université de Damas. Le 1er juillet, Ola Ramadan, militante des droits de l’homme et activiste sur Facebook, qui dénonçait le trafic d’êtres humains en Syrie, a également été arrêtée. Elle a été libérée depuis. Si les autorités ne procèdent pas à une coupure totale d’Internet, un fort ralentissement de la bande passante a été signalé dans certaines villes. Reporters sans frontières a également appris un nouveau cas de démission volontaire d’un journaliste travaillant pour des médias gouvernementaux, en signe de protestation face à la répression orchestrée par les autorités. Ainsi, après Maher Dib, présentateur à la télévision nationale syrienne, et Iyad Issa, journaliste à Tishreen, Farhan Al-Matar a annoncé, le 22 juin 2011, son départ de la télévision publique syrienne Syrian TV et du syndicat des écrivains arabes, pour dénoncer l'inacceptable répression dans son pays. Le procès du blogueur Kamal Sheikhou a quant à lui été reporté au 28 juillet prochain.

YEMEN

Le correspondant de la BBC, Abdallah Gharib, a reçu des menaces de mort, le 5 juillet dernier, de la part de l’attaché de presse du Président, Ahmed Al-Soufi, au cours d’une conférence de presse, organisée à l’hôtel Taj Seba à Sanaa. Ahmeed Al-Soufi s’en est également pris aux journalistes présents, les accusant d’être à la solde de puissances étrangères et les qualifiant de “traîtres au Yémen”. Au check-point de Beit Bous à Sanaa, la Garde républicaine a confisqué, le 5 juillet 2011, 3000 exemplaires de l’hebdomadaire indépendant Al-Masdar, destinés aux kiosques et librairies de la région. La personne en charge de la distribution a été menacée d’être arrêtée. Le photojournaliste Mohamed Al-Imad a été agressé le 2 juillet dernier, place du Changement à Sanaa, alors qu’il couvrait une manifestation de femmes demandant le départ du président Ali Abdallah Saleh. Son matériel a été cassé. Le 29 février, le journaliste Saqer Al-Sanidi, a également été agressé par des inconnus qui ont cassé son appareil photo et menacé de le tuer. Par ailleurs, l’organisation condamne le maintien en détention du journaliste néo-zélandais Glen Johnson, arrêté le 25 juin 2011 pour “entrée illégale sur le territoire”. Sa famille est toujours sans nouvelles de lui. Une page Facebook, intitulée Free Glen Johnson from Yemens jail !, a été créée pour demander sa libération.

BAHREIN

Reporters sans frontières salue la décision du roi Hamad Ben Issa Al Khalifa, annoncée le 29 juin 2011, de mettre un terme aux poursuites intentées contre des civils devant des cours militaires, et de transférer les dossiers en cours devant des juridictions civiles. L’organisation demande aux autorités bahreïnies de lever toutes les poursuites, mêmes civiles, à l’encontre de personnes ayant été arrêtées au cours du mouvement de protestation, notamment les professionnels de l’information. L’organisation demande également l’annulation des peines de prison prononcées, le 22 juin dernier, par une cour militaire, à l’encontre de vingt-et-un suspects poursuivis pour “appartenance à des organisations terroristes” et “tentatives de renversement du régime”. Huit d’entre eux, parmi lesquels le militant des droits de l’homme et blogueur Abduljalil Al-Singace, avaient été condamnés à perpétuité. Les treize autres ont reçu des peines allant de deux à quinze ans de prison. Le blogueur Ali Abdulemam, jugé par contumace, avait lui aussi écopé d’une peine de quinze ans de prison. Par ailleurs, l’organisation a appris la libération de plusieurs journalistes, blogueurs et photographes au cours des derniers jours : * Hamza Ahmed Youssef Al-Dairy et son père Ahmed, tous deux administrateurs du forum http://www.aldair.net/forum/ et arrêtés le 1er avril dernier (pour en savoir plus : http://fr.rsf.org/bahrein-confiscation-des-journaux-en-serie-27-04-2011,40110.html), ont été libérés le 3 juillet . Si Ahmed n’a pas été présenté devant un juge, son fils est, quant à lui, poursuivi pour « rassemblement illégal », « dégradation de biens publics». * Mohamed Salam Al-Sheikh, président de la Bahrain Society of Photography, arrêté le 11 mai 2011, a été libéré le 2 juillet. Son procès devrait se poursuivre devant une juridiction civile. * Hossein Abbas Salem, photographe arrêté le 28 mars dernier, a été libéré le 2 juillet. * Mohamed Ali Al-Aradi, photographe pour Al-Bilad, arrêté le 8 mai, a été libéré le 29 juin 2011. Les entraves à la liberté de la presse et à la libre circulation des journalistes n’ont néanmoins pas cessé. Ainsi, le 3 juillet 2011, deux journalistes étrangers ont été brièvement interpellés avant d’être relâchés deux heures plus tard.
Publié le
Updated on 20.01.2016