Ai Weiwei relâché par les autorités, après trois mois de mise au secret

Reporters sans frontières est soulagée d'apprendre la libération sous caution, le 22 juin 2011, de l'artiste et documentariste engagé Ai Weiwei (艾未未). Une dépêche de l'agence de presse Xinhua a indiqué que le bureau de la sécurité publique, compte tenu du bon comportement d'Ai Weiwei, de ses "aveux" quant aux "fraudes fiscales" dont il a été accusé, de problèmes de santé et d'autres facteurs non précisés, avait décidé d'octroyer à l'artiste une remise en liberté sous caution. "Nous espérons que la santé d'Ai Weiwei ne s'est pas trop détériorée, et lui souhaitons un prompt rétablissement. Cependant nous sommes inquiets de certaines informations données par le bureau de la Sécurité publique, et particulièrement ceux relatifs aux aveux que l'artiste aurait passés. Compte tenu de la durée de sa détention et de son caractère secret, il est indispensable de faire toute la lumière sur les conditions d'obtention de ces aveux. Plusieurs cas de violences lors de détentions au secret ont été dénoncés. Qu'en est-il pour Ai Weiwei," s'interroge Reporters sans frontières. "Sa libération ne signifie pas la fin de ses problèmes. Il est à craindre que les autorités ne déploient tout un arsenal juridique afin de l'inculper et de le condamner pour "crime économique". Comme elles l'ont fait par le passé avec d'autres, les autorités chinoises pourraient essayer de condamner Ai Weiwei à une peine de prison ou à une amende exorbitante. En ayant recours à ces méthodes, les autorités cherchent en général à légitimer leur harcèlement qui a pour conséquence d'empêcher la victime de poursuivre ses activités antérieures et de l'affaiblir sur le plan psychologique et financier. Les autorités pensent également que trouver un mobile économique aux poursuites judiciaires leur épargnerait des protestations émanant de défenseurs des droits de l'homme en Chine ou à l'étranger", a déclaré l'organisation. Artiste et dissident, Ai Weiwei avait été arrêté le 3 avril 2011 au matin à l’aéroport international de Pékin, alors qu’il était sur le point de prendre un avion à destination de Hongkong. Le même jour, huit membres de son équipe avaient été interpellés par les forces de l’ordre à son atelier de Caochangdi (nord-est de Pékin) et détenus pendant plusieurs heures pour interrogatoire. Au cours de la semaine précédant son arrestation, la police avait visité l’atelier de l’artiste à de nombreuses reprises. En novembre 2010, Ai Weiwei avait déjà été harcelé par les autorités, notamment pour ses documentaires dénonçant la corruption du système judiciaire de Pékin. Reporters sans frontières s’inquiète également de la disparition du journaliste Wen Tao (文涛). Ancien journaliste du Global Times, Wen Tao, 38 ans, originaire du Sichuan, a été vu pour la dernière fois le 3 avril dernier, dans le quartier de Caochangdi, où se trouve l’atelier de création d’Ai Weiwei. Le 3 mars 2011, Reporters sans frontières avait publié un rapport concernant les assignations à résidence, les persécutions et les disparitions forcées opérées par les autorités chinoises. Soixante seize cyberdissidents et trente journalistes sont toujours derrière les barreaux à ce jour. La Chine est au 171e rang sur 178 du classement mondial de la liberté de la presse, élaboré par Reporters sans frontières en 2010.
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Updated on 20.01.2016