Agressions croissantes : l'année 2011 commence bien mal pour les journalistes

Reporters sans frontières dénonce l'immobilisme coupable du gouvernement face à l'augmentation des actes liberticides menés envers les journalistes. Le pays atteint un niveau extrêmement alarmant de violences contre les médias, qui incombent, le plus souvent, aux partis politiques et groupes religieux. L'organisation appelle les autorités à tout mettre en œuvre pour faire cesser les attaques, empêcher l'impunité de s'installer et dissiper le sentiment d'insécurité permanent qui freine la mise en pratique d'une presse libre. Pour illustrer la dégradation de la situation inadmissible dans un pays où les violations envers la liberté de la presse sont déjà considérées comme monnaie courante, Reporters sans frontières dresse la chronologie des événements survenus depuis le début de l'année. Dans le district de Morang, à l'est du pays, deux journalistes, Arjun Jamneli Rai, correspondant du quotidien Aujar, et Bibek Bhattarai, correspondant de Janabidroha, ont dû cesser de travailler, victimes de menaces de mort. Les SMS de menace leur promettaient une mort proche pour leurs publications sur un projet de construction illégale dans le district. Arjun Jamneli Rai est sous protection policière. Bibek Bhattarai se cache. Le 7 février 2011, le journaliste Baburam Raymajhi, de Radio Buddha Awas, dans le district de Kapinvastu, a été attaqué par quatre ou cinq individus non identifiés qui l’ont blessé et menacé de mort. Le 6 février, des individus ont sévèrement blessé le journaliste Durga B.C., de Radio Salyan, alors que celui-ci rentrait de son travail. Ses assaillants lui ont asséné plusieurs coups aux mains, aux jambes et à la tête au moyen d'objets tranchants. Il a été emmené à l’hôpital Nepalgunj où il est toujours soigné. Le même jour, Milan Pariyar, correspondant pour Naya Patrika, un quotidien basé dans le district de Doti, à l'ouest du pays, a été attaqué pour des articles publiés un mois plus tôt. Le 3 février, Netra Tamang, correspondant pour le quotidien national Nagarik, a été attaqué et dépouillé par un groupe d’individus non identifiés. Le 25 janvier, Shreeram Rayamajhi, du quotidien Janapratibimba, a reçu des menaces de mort téléphoniques, sur son lieu de travail, par un individu mécontent de sa couverture de l’actualité. Le 14 janvier, lors d’une conférence de presse sur les carrières du district de Lalitpur (nord), des journalistes ont été vivement pris à partie. Des hommes ont tenté d’intimider les médias, et de les empêcher de publier sur le sujet. Les mines de Lalitpur seraient pour la plupart exploitées illégalement, et seraient une source importante de financement pour certains partis politiques. Trois jours plus tôt, Padma Shrestha, du quotidien national Nepal Samcharpatra, a été menacé, à Kathmandu, pour avoir révélé des affaires de détournement de fonds. Le 6 janvier, Dhaniram Sharma, correspondant local pour ABC Television à Rolpa, a été menacé par téléphone : son interlocuteur aurait déclaré vouloir “briser les doigts de ceux qui écrivent les informations”. Le 2 janvier, Hima Chaudhary, de Himal FM Radio, dans le district de Surkhet, a été grièvement blessé par trois personnes, alors qu’il rentrait du travail. Le journaliste a été poignardé à plusieurs reprises. Les assaillants ne lui auraient pas caché que cette agression était directement liée à son travail journalistique. Le 1er janvier, Baijanath Yadav, correspondant à Saptari pour Avenues Television, a été menacé par un groupe d’individus, pour ses écrits en défaveur d'un avocat indien, Sarfaraz Alam. Le journaliste et sa famille ont été menacés de mort. Face à cette insécurité croissante, il a dû mettre un terme à ses fonctions journalistiques.
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Updated on 20.01.2016