Agression d'un journaliste en ligne

Reporters sans frontières est scandalisée par l'agression d'Ulugbek Khaidarov, sévèrement battu par un inconnu dans la nuit du 23 au 24 avril. « Cette violente attaque à l'encontre d'un journaliste ouzbek dissident constitue une atteinte flagrante à la liberté de la presse dans le pays. Nous demandons aux autorités de mener promptement une enquête transparente, exhaustive et indépendante afin de punir de façon exemplaire le responsable de cette lâche agression, ainsi que ses commanditaires le cas échéant. Il est important qu'un climat d'impunité indigne d'un Etat de droit ne s'installe pas dans la région », a déclaré l'organisation dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur ouzbek Zakir Almatov. Ulugbek Khaidarov (photo), journaliste indépendant également chef local d'Ezgulik (« Gentillesse », groupe de défense des droits de l'homme), âgé de 42 ans, a été passé à tabac par un inconnu près de son domicile à Jizzakh, sa ville natale et région cotonnière du sud du pays, dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 avril. Souffrant d'une clavicule et de deux côtes cassées, il a immédiatement été hospitalisé. Il a affirmé depuis son lit d'hôpital que son agresseur lui aurait dit en le frappant : « Je vais t'apprendre comment écrire ! » Cette attaque semble directement liée aux articles d'Ulugbek Khaidirov, écrits conjointement avec Jamshid Karimov, neveu du président ouzbek, publiés en février et mars 2005 sur les sites d'opposition www.fergana.ru et www.centrasia.ru, dans lesquels il critiquait les autorités locales pour leur comportement répréhensible à l'égard des paysans de Jizzakh. Ces derniers sont en effet régulièrement harcelés par les autorités qui s'emparent de leurs récoltes et se réservent les terres les plus fertiles. Le mois dernier, les agriculteurs de la région ont ainsi manifesté contre la politique arbitraire du gouverneur de Jizzakh, Ubadulla Yamankulov, réclamant sa démission. Un commissariat et deux voitures de police avaient été incendiés par la population. Ulugbek Khaidirov, pour avoir rendu compte de cette situation régionale explosive, avait reçu des menaces de représailles s'il ne quittait pas rapidement Jizzakh. Les pressions des autorités locales à son égard s'étaient notamment accentuées après ses commentaires acerbes concernant les propos du gouverneur Ubadulla Yamankulov, ayant qualifié les Etats-Unis de « gendarme global » lors d'une conférence de presse. Ulugbek Khaidirov serait également nommé sur une liste noire émanant du ministère de l'Intérieur et qui circulerait sur Internet. Le gouverneur a appelé personnellement Ulugbek Khaidirov, le 20 avril, afin qu'il cesse d'écrire ses articles, menaçant de lui « régler son compte ». Le 21 décembre 2004, Jamshid Karimov, neveu du président ouzbek Islam Karimov, avait également été passé à tabac après avoir publié un article critique envers les autorités de Jizzakh pour l'Institute of War and Peace Reporting, organisation de défense des médias basée à Londres.
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Updated on 20.01.2016