Affaire Géorgiy Gongadze : Le « corps de Tarachtcha » est bien celui du journaliste

Reporters sans frontières et l'Institut des Mass Medias ont annoncé, lors d'une conférence de presse à Kiev, que le cadavre retrouvé à Tarachtcha, le 2 novembre 2000, est bien celui, à 99,991 %, de Géorgiy Gongadze. Lessia Gongadze, la mère du journaliste, a annoncé à la presse qu'elle acceptait d'inhumer le corps de son fils.

« La probabilité de maternité de Lessia Gongadze envers les restes humains trouvés sur le territoire du district forestier de Tarachtcha de la région de Kiev est supérieure à 99,991%. Le lien de maternité entre Lessia Gongadze et le corps à identifier est donc pratiquement prouvé ». Ce sont les conclusions de l'expertise indépendante menée à l'institut médico-légal de Lausanne (Suisse) en janvier 2003, à l'initiative de Reporters sans frontières et à la demande de Lessia Gongadze, la mère du journaliste. Reporters sans frontières et l'Institut des Mass Medias ont annoncé, le 11 mars 2003, lors d'une conférence de presse à Kiev, que le corps retrouvé à Tarachtcha, le 2 novembre 2000, est bien celui du journaliste Géorgiy Gongadze, disparu le 16 septembre 2000. Cette ultime expertise ADN a permis de lever les derniers doutes. Lessia Gongadze a annoncé à la presse qu'elle acceptait d'inhumer le corps de son fils, ce qu'elle refusait de faire depuis 27 mois. Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, et Soria Blatmann, responsable du bureau Europe, se sont par ailleurs entretenus avec le procureur général d'Ukraine, Sviatoslav Piskoun et son adjoint, Viktor Chokin, afin de faire le point sur l'état d'avancement de l'enquête. « Au terme de près de deux heures d'entretien, il ressort que les investigations destinées à faire la lumière sur la mort de Géorgiy Gongadze progressent enfin. Un certain nombre de personnes sont visées et les enquêteurs doivent orienter leurs recherches du côté du ministère de l'Intérieur » a déclaré Robert Ménard qui n'a pas pu en dire plus. Devenu mandataire légal de Myroslava et Lessia Gongadze, respectivement la veuve et la mère du journaliste, en septembre 2002, il est tenu au secret de l'instruction. L'organisation a cependant mis en cause l'ancien procureur général, Mykhailo Potebenko, élu au Parlement ukrainien en mars 2001, et demandé qu'il soit entendu par les enquêteurs et si besoin, que son immunité parlementaire soit levée. Il apparaît en effet que dès la disparition du journaliste en septembre 2000, à l'époque où Mykhailo Potebenko était procureur général, tout a été fait pour brouiller les pistes menant aux responsables. Sviatoslav Piskoun avait déclaré en juillet 2002, peu après sa nomination, que l'enquête destinée à faire la lumière sur la mort du journaliste avait été reprise à zéro. Géorgiy Gongadze, journaliste politique et rédacteur en chef du journal en ligne www.pravda.com.ua, était connu pour son ton très critique vis-à-vis du pouvoir ukrainien. Il a disparu à l'âge de 31 ans, le soir du 16 septembre 2000. Cet événement est devenu une affaire d'Etat après la diffusion, le 28 novembre 2000, d'enregistrements censés avoir été réalisés dans le bureau du président Koutchma, et tendant à prouver l'implication des plus hautes autorités dans la disparition du journaliste. Une mission d'enquête de Reporters sans frontières, réalisée en janvier 2001, avait constaté l'accumulation de fautes, d'une gravité exceptionnelle. L'instruction semblait, en effet, avoir été menée avec le souci premier de protéger l'exécutif des graves accusations dont il était l'objet, plutôt que de rechercher la vérité. Myroslava et Lessia Gongadze ont été systématiquement écartées de l'enquête et se sont vu refuser jusqu'à fin janvier 2001 le statut de partie civile. Elles n'ont jamais pu accéder aux résultats des précédentes expertises réalisées sur le corps de Géorgiy Gongadze.
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Mise à jour le 20.01.2016