Action de Greenpeace dans l’Arctique : un photojournaliste en détention provisoire pour deux mois

Reporters sans frontières est choquée par le placement en détention provisoire pour deux mois du photojournaliste Denis Siniakov (Денис Синяков), ordonné le 26 septembre 2013 par un tribunal de Mourmansk (Nord-Ouest). Le photographe, embarqué à bord d’un navire de Greenpeace dont il couvrait les actions militantes dans l’Arctique russe, avait été appréhendé le 19 septembre avec tout l’équipage. « Denis Siniakov a été interpellé dans l’exercice de son activité professionnelle et son arrestation constitue une violation inacceptable de la liberté de l’information », a déclaré Reporters sans frontières. « En portant contre le photographe et les activistes une accusation aussi absurde que celle de ‘piraterie’, le Comité d’enquête russe criminalise le journalisme aussi bien que le militantisme. Or, si les garanties constitutionnelles russes ont un sens, ni l’action pacifique de Greenpeace, ni a fortiori sa couverture journalistique par Denis Siniakov, ne constituent des crimes. Nous demandons la remise en liberté immédiate du photographe et l’abandon de toute enquête contre lui. » Le navire de Greenpeace, « Arctic Sunrise », avait été dépêché fin août dans l’Arctique russe pour protester contre les projets d’exploitation pétrolière dans la région. Le 18 septembre 2013, des militants ont escaladé la plate-forme Prirazlomnaïa, exploitée par la compagnie russe Gazprom, pour attirer l’attention sur les potentielles conséquences écologiques de ces projets. Le lendemain, l’« Arctic-Sunrise » a été brutalement pris d’assaut par un commando des forces spéciales russes et remorqué jusqu'à Mourmansk (Nord-Ouest). Mardi 24 septembre, une enquête pour « piraterie » a été ouverte contre les trente individus à bord, qui ont alors été placés en détention provisoire dans la région. Ce crime est passible d’une peine maximale de quinze ans de prison. Denis Siniakov figurait parmi les premiers suspects entendus, au terme de leur garde à vue, ce 26 septembre. Le tribunal de Mourmansk a ordonné le placement en détention provisoire du photographe pour une durée de deux mois, en attendant l’issue de l’enquête. Il a notamment jugé que le suspect risquait de se soustraire à l’enquête dans la mesure où « il voyageait fréquemment à l’étranger ». « L’activité criminelle (qu’on me reproche), c’est le journalisme », s’est défendu Denis Siniakov devant le tribunal. « Et je vais continuer à la mener. (…) Greenpeace est une organisation forte d’une histoire de 40 ans, connue pour ses actions. Mais je ne suis pas un collaborateur (de l’organisation), je suis un journaliste. Vous pouvez voir mes photos dans les médias de Russie et du monde entier. Tout mon équipement a été saisi. Ma seule arme était mon appareil photo. » Denis Siniakov est un célèbre photojournaliste freelance russe, travaillant notamment avec les agences Reuters et AFP. Il réalise ponctuellement des reportages pour Greenpeace et c’est dans ce cadre qu’il se trouvait à bord de l’« Arctic Sunrise ». On lui doit la plupart des clichés de l’arraisonnement du navire parus dans la presse. Reporters sans frontières se joint à l’appel, lancé par des journalistes russes, à manifester devant le siège du Comité d’enquête à Moscou pour protester contre l’arrestation de Denis Siniakov. L’action doit se tenir aujourd’hui à partir de 17 heures. Pour aller plus loin: Signez la pétition de Greenpeace demandant la remise en liberté de toutes les personnes à bord de l'« Arctic Sunrise ». Photo principale: Denis Siniakov / Greenpeace
Photo de la salle du tribunal: Blogger51
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016