Acquittement et soulagement

Reporters sans frontières exprime sa satisfaction après à l'acquittement, lundi, de cinq responsables du quotidien Euskaldunon Egunkaria. En 2003, ceux-ci avaient été accusés d'appartenir à l'ETA et de mettre le journal, publié en langue basque, au service du groupe terroriste. Le quotidien avait été fermé le 20 février 2003, sur une décision de justice du juge Juan del Olmo. Ces dernières années, Reporters sans frontières avait exprimé sa consternation et son mécontentement à propos de cette fermeture et des accusations de lien avec des actions terroristes. Pour l'organisation, il était inacceptable qu'un journal soit, dans un pays démocratique appartenant à l'Union européenne, fermé depuis sept ans sans qu'aucun jugement n'ait été prononcé. Reporters sans frontière attendait impatiemment cet acquittement, l'organisation ayant appelé à de nombreuses reprises le juge en charge de l'affaire à se prononcer en faveur d'une relaxe et à autoriser la réouverture immédiate d’Egunkaria. Sept ans après la fermeture du quotidien et l'arrestation de ses responsables, aucun lien avec le groupe ETA n'a pu être démontré. La décision rendue lundi est donc juste, mais arrive sept ans trop tard. Javier Gomez Bermudez, juge de l'Audience nationale, la plus haute autorité judicaire du pays, a déclaré que la décision de février 2003 "n'avait pas de fondement constitutionnel direct et n'était autorisée par aucune disposition juridique spéciale". Il a rappelé que la Constitution espagnole de 1978 permet, certes, la suspension du droit à la liberté information et d'expression dans des cas d'Etat d'urgence ou de siège (art. 55.1) mais pas dans des affaires de terrorisme (art. 55.2). Si les médias se félicitent du dénouement de l'affaire, les organisations espagnoles de journalistes demandent aux autorités de réparer les dommages causés par la fermeture d’Egunkaria . Reporters sans frontière appelle, quant à elle, les autorités à ne pas faire appel de cette décision.
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Mise à jour le 20.01.2016