Absence de transparence sur les concessions de BlackBerry

Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, les autorités émiraties et Research In Motion (RIM), le fabricant de BlackBerry, seraient parvenus à un accord, afin que les services de BlackBerry ne soient pas suspendus dans les Emirats arabes unis. Si l'organisation se félicite du fait que les Emirats soient revenus sur leur décision de bloquer l'utilisation des applications BlackBerry à compter du 11 octobre, elle s'inquiète du caractère confidentiel de l'accord qui aurait été passé entre les deux parties. Si un tel compromis a bien été conclu, l'organisation demande à RIM et aux autorités émiraties d'en rendre public le contenu. Afin que les utilisateurs des smartphones puissent avoir confiance en la technologie de BalckBerry, et pour garantir la liberté d'information dans le pays, la transparence s'impose. Les Emirats arabes unis avaient annoncé, le 1er août dernier, vouloir suspendre à compter du 11 octobre, pour de prétendues raisons de sécurité nationales (v. l'article), certains services du téléphone BlackBerry, comme le service de messagerie instantanée, considéré comme « non conforme aux normes officielles et sociales ». Le gouvernement déclare aujourd'hui que ces smartphones sont désormais conformes aux lois locales en vigueur, sans préciser pour autant quelles ont été les modifications acceptées par RIM pour parvenir à un tel accord. Dans les Emirats, quelque 500 000 personnes utilisent aujourd'hui ces téléphones. Les autorités émiraties considéraient les données cryptées de ces smartphones, qui transitent par des serveurs basés à l'étranger, comme une menace pour la sécurité nationale et accusaient, dans ce sens, RIM de ne pas se conformer aux lois en vigueur. Les émiratis déclarent désormais que l'entreprise est aujourd'hui en conformité avec la loi. Selon les principes de Johannesburg sur la sécurité nationale, la liberté expression et l'accès à l'information, adoptés en 1995 par un groupe d'experts en droit international et approuvés par le rapporteur des Nations unies, la liberté d'expression ne peut être limitée que dans des conditions très spécifiques d'atteinte à la sécurité nationale. Or, ces conditions ne sont pas présentement par réunies. Des arrestations d'utilisateurs BlackBerry avaient déjà eu lieu. Badr Ali Saiwad Al Dhohori, un jeune homme de 18 ans résidant dans l’Emirat de Ras Al Khaimah, avait notamment été arrêté le 15 juillet dernier. Il avait été accusé d'avoir voulu organiser, via son BlackBerry, une manifestation (finalement annulée) pour protester contre la hausse du prix du pétrole (v. l'article). Si l'affaire concerne aujourd'hui les produits BlackBerry de l'entreprise RIM, d'autres compagnies de téléphonie devraient rester vigilantes quant aux exigences liberticides des Emirats, puisque Apple a déjà été contraint de vendre aux pays des Emirats l'Iphone 4 sans son application phare "FaceTime", permettant des conversations vidéo. Les Émirats arabes unis font partie des pays classés « sous surveillance » dans le rapport des « Ennemis d’Internet » publié en mars 2010 par Reporters sans frontières. De nombreux sites Internet sont toujours bloqués (liste des sites: http://www.emarati.katib.org/node/52), notamment ceux traitant des droits de l'homme, des prisons, de la liberté d'expression ou du régime (v. "les ennemis d'internet").
Publié le
Updated on 20.01.2016