Abandon des poursuites judiciaires contre le journaliste Perez Rumanzi

Les charges "d'incitation à la violence" qui pesaient sur le journaliste Perez Rumanzi, depuis avril 2012, ont été abandonnées par la justice ougandaise, a appris Reporters sans frontières. Au cours d'une audience à Ntungamo, le 28 novembre 2012, le procureur (Director of Public Prosecution) a annoncé avoir perdu tout intérêt pour cette affaire et a choisi de renoncer aux poursuites judiciaires. "L'abandon des charges contre Perez Rumanzi est une décision sensée que nous attendions depuis longtemps", a déclaré Reporters sans frontières. "Le procureur a décidé de mettre fin à une procédure qui avait peu de chances d'aboutir à une condamnation, puisque les charges d'incitation à la violence n'ont pas été légalement qualifiées. Il est néanmoins regrettable d'avoir attendu sept mois de procédure pour aboutir à cette issue positive". Le correspondant du quotidien The Daily Monitor, bien que soulagé de ne plus être mis en cause dans une affaire qui aurait pu lui valoir trois ans de prison, a confié à Reporters sans frontières ses regrets de ne pas avoir été publiquement confronté a ses accusateurs. ----- 21.05.2012 - Un journaliste ougandais agressé en prison, attendra son procès en liberté Le 17 mai 2012, Perez Rumanzi, correspondant pour le Daily Monitor, a été libéré sous caution, après avoir été brutalisé toute la nuit par ses codétenus, dans une prison surchargée. N'ayant pu fournir à temps les dépôts de garantie auprès du juge, il avait été placé en détention provisoire le 16 mai pour deux semaines. Il est poursuivi pour "incitation à la violence" par le procureur de la région de Ntgungamo (Sud-Ouest), en raison de propos échangés avec les forces de sécurité présidentielle (SFG). “Nous prenons acte de la remise en liberté sous caution de Perez Rumanzi, mais nous déplorons l'agression lâche qu'il a subi en prison. Elle doit faire l'objet d'une enquête. Sans cautionner les paroles du journaliste à l'égard des forces de sécurité, nous estimons que la procédure pénale en cours est totalement disproportionnée et inappropriée au regard de son comportement. Nous demandons l'arrêt des poursuites,” a déclaré Reporters sans frontières, qui estime que le journaliste a suffisamment souffert. Les faits reprochés à Perez Rumanzi remontent à une cérémonie religieuse du diocèse d'Ankole du sud, tenu le 29 avril à la cathédrale Kyamate de Ntungamo, à laquelle était conviée la Première dame et députée de la région, Janet Museveni. Perez Rumanzi, accrédité pour l'occasion, a réalisé plusieurs photos de la cérémonie, avant d'être expulsé par la garde présidentielle pour entrave à leur travail, et menace à la sécurité de la Première dame. Emmené de force par la police, le journaliste aurait tenu des propos agressifs à l'égard de la garde présidentielle. Il a alors été placé en garde à vue pendant deux jours dans les locaux de la police sans qu'aucune poursuite ne soit initiée à son encontre. A son apparition devant le tribunal, le 16 mai 2012 pour entendre les charges pesant contre lui, il a été placé en détention provisoire à la prison de Ntungamo, où il a été agressé. “Ils m'ont battu trois fois. Il m'a semblé que mes agresseurs étaient aux ordres de quelqu'un, car les autres détenus n'ont pas été frappés aussi longtemps”, a confié le journaliste à Reporters sans frontières. Perez Rumanzi risque jusqu'à trois ans de prison. Son procès est prévu pour le 19 juin 2012. Photo: Perez Rumanzi
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Mise à jour le 20.01.2016