23 mois de prison et 5 ans d'interdiction d'activité sociale pour un journaliste réformateur

Dans une lettre adressée au chef de la magistrature, l'ayatollah Sharoudi, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre la condamnation d'Ahmad Zeid-Abadi (voir photo) à 23 mois de prison et cinq ans d'interdiction de toute "activité, dont le journalisme". "Les conservateurs, qui contrôlent le pouvoir judiciaire, profitent de l'absence de condamnation de l'Iran lors de la Commission des droits de l'homme de l'ONU pour reprendre leurs attaques contre les journalistes et les médias", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. "Nous demandons l'annulation de cette condamnation particulièrement sévère", a-t-il ajouté. Malgré la libération de huit professionnels des médias depuis le début de l'année, RSF rappelle que l'Iran compte toujours douze journalistes en prison. Et au moins cinq journalistes, libérés sous caution, attendent le verdict de leur procès. Selon les informations recueillies par RSF, Ahmad Zeid-Abadi, journaliste pour le quotidien réformateur Hamchahri et pour le mensuel Iran-é-Farda, a été condamné le 17 avril 2002 par le juge Saïd Mortazavi, président du tribunal de Téhéran, à vingt-trois mois de prison et l'interdiction pendant cinq ans de toute activité publique et sociale pour "propagande contre le régime islamique et ses institutions". Le tribunal reproche notamment à Ahmad Zeid-Abadi "ses discours provocateurs et menaçants pour la sécurité nationale". Par ailleurs, contrairement à la position officielle de l'Iran, le journaliste avait, dans de récents articles, défendu le chef de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, et condamné les kamikazes palestiniens. Ahmad Zeid-Abadi entend faire appel de ce jugement. Proche des milieux libéraux, le journaliste avait été arrêté à son domicile, le 7 août 2000, par une dizaine de fonctionnaires en civil en raison de son "refus de comparaître devant la cour". Le 8 mars 2001, Ahmad Zeid-Abadi avait été libéré contre une forte caution. Par ailleurs, Saïd Afsar, journaliste d'Iran, a été jugé, le 28 avril, par le tribunal de Téhéran pour "insulte à l'islam" à la suite de trois articles traitant de la religion. Pendant le procès, Saïd Afsar a déclaré qu'en tant que musulman, il ne se permettrait pas d'insulter l'islam. Le verdict a été mis en délibéré.
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Mise à jour le 20.01.2016