Pachobut : sorti de prison, mais pas sorti d’affaire

Andreï Pachobut a été relâché du centre de détention de Hrodna le 30 juin 2012, où il était détenu depuis son arrestation une semaine plus tôt. Le journaliste n’avait pas été informé de sa libération prochaine. Cette remise en liberté n’enlève cependant rien aux charges retenues contre lui. Le jour même, Andrei Pachobut a été inculpé sous l’article 367.2 du code pénal pour "diffamation contre le Président de la République". Après avoir examiné certains de ses articles publiés sur Internet, des linguistes y auraient repéré des expressions “insultantes à l’égard du chef de l’Etat (...) et discréditant la République du Bélarus”. Il s’agit de la deuxième affaire de diffamation dont le journaliste fait l’objet. En 2011, il avait été condamné à 3 ans de prison avec sursis pour avoir “insulté” le Président dans ses articles. Il encourt aujourd'hui cinq ans de prison. ------------------------------------------------------------------------------------------- 22.06.2012 - Le journaliste Andreï Pachobut à nouveau sous les verrous Reporters sans frontières condamne fermement l’arrestation du célèbre journaliste Andreï Pachobut, correspondant de plusieurs médias indépendants dont le journal polonais Gazeta Wyborcza, le 21 juin 2012. Inculpé pour une nouvelle affaire de diffamation contre le Président Alexandre Loukachenko, il risque jusqu’à cinq années d’emprisonnement. “Cette nouvelle arrestation témoigne du véritable acharnement dont Andreï Pachobut est victime du fait de son obstination à faire son métier de façon indépendante. A peine un an s’est écoulé depuis sa dernière condamnation pour le même motif. L’ego du président de la République le place aujourd’hui sous la menace d’une condamnation ubuesque. Ce nouveau rebondissement ne vise qu'à accentuer l’auto-censure et le climat général d’intimidation contre la presse indépendante. Andreï Pachobut doit être remis en liberté dans les plus brefs délais”, a déclaré l’organisation. Andreï Pachobut est mis en examen sur le fondement de l’article 367-2 du code pénal qui prévoit jusqu’à 5 ans d’emprisonnement pour toute récidive dans une affaire de diffamation touchant la personne du chef de l’Etat. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, Andreï Pachobut a été arrêté à son domicile aux alentours de 16 heures. Six individus se sont présentés chez lui, parmi lesquels figuraient Arseni Nikolski, l’enquêteur qui avait instruit son dossier lors de la précédente affaire. Les policiers ont procédé à son interpellation après avoir fouillé son appartement et perquisitionné ses ordinateurs. Le journaliste n’a souhaité livrer aucun témoignage lorsque les policiers l’ont interrogé. Il a été transféré au commissariat de Hrodna (ouest du pays), où il est actuellement maintenu en détention préventive. Son avocat n’a pas encore été autorisé à prendre contact avec lui. Après trois mois de détention provisoire, Andreï Pachobut avait été condamné à trois ans de prison avec sursis le 5 juillet 2011 pour une affaire similaire. Il avait été accusé d’avoir insulté le chef de l’Etat en le qualifiant de “dictateur”. Il serait cette fois-ci mis en cause pour des articles publiés sur les sites d’information indépendants Charter97.org et belaruspartizan.org. Le journaliste y traitait de l’attentat du métro de Minsk, survenu en avril 2011, dont les deux jeunes auteurs présumés ont été exécutés au terme d’une parodie de procès.
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Mise à jour le 20.01.2016