Colombie: RSF exige une enquête approfondie sur le meurtre du journaliste Luis Gabriel Pereira

Luis Gabriel Pereira, fondateur et administrateur d’une page d’information locale a été tué dans le nord-ouest de la Colombie. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités de mener une enquête approfondie sur ce meurtre et de considérer sérieusement la piste liée à l’activité journalistique de la victime. 

Il a été froidement assassiné le 9 mai dernier par deux tueurs à gages qui l’ont poursuivi à moto dans les rues de Ciénaga de Oro, une petite ville du nord-ouest de la Colombie, avant de prendre la fuite. Âgé de 25 ans, Luis Gabriel Pereira avait créé, il y a seulement quelques mois, une page d’information locale sur Facebook appelée Notiorense. Il y publiait quotidiennement de courts articles sur les faits divers et les affaires criminelles en cours dans cette région côtière et rurale, dominée par des groupes armés liés au trafic de drogue. Quelques jours avant son assassinat, il avait notamment publié plusieurs informations sur une affaire de féminicide et sur le meurtre d’une leader indigène, supposément commandité par le cartel Clan del Golfo, l’un des plus puissants du pays.

Luis Gabriel Pereira est le troisième journaliste assassiné en sept mois en Colombie et le deuxième dans la région de Córdoba, connue pour être le berceau des groupes paramilitaires colombiens d’extrême-droite. C’est dans cette même région que le journaliste Rafael Emiro Moreno, directeur du média en ligne Voces de Córdoba, avait été assassiné, selon le même mode opératoire, le 16 novembre 2022, après avoir reçu des menaces de mort pour avoir révélé la corruption d’hommes politiques et d’entrepreneurs locaux. 

RSF condamne avec la plus grande fermeté le meurtre de Luis Gabriel Pereira, qui jette une lumière crue sur l’insécurité croissante qui accompagne  l’exercice du journalisme en Colombie. Les autorités doivent tout mettre en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime, et l’État colombien doit prendre ses responsabilités et faire le nécessaire pour prévenir toute nouvelle violence contre les journalistes.”

Artur Romeu
Directeur du bureau Amérique Latine de RSF

Selon les informations recueillies par la correspondante de RSF en Colombie auprès de journalistes locaux et de défenseurs des droits de l’homme, le nombre d’homicides a bondi à Ciénaga de Oro depuis décembre dernier. Entre 8 et 12 meurtres présentant les signes d'exécutions ciblées y ont été commis. Un chiffre probablement sous-estimé, selon un chercheur spécialiste des violences dans la région, consulté par RSF, qui évoque une loi du silence alimentée par la peur des représailles chez les proches des victimes. 

Onze journalistes de la région de Córdoba bénéficient actuellement d’un mécanisme national de protection judiciaire et 15 autres ont déjà reçu des menaces. La Colombie a perdu six places au nouveau Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF, et occupe aujourd’hui la 145e position sur 180 pays.

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