Éthiopie : le journaliste français Antoine Galindo remis en liberté et expulsé vers la France

Après une détention d’une semaine à la prison d’Addis Abeba, le journaliste français Antoine Galindo a été remis en liberté ce jour et expulsé vers la France. Reporters sans frontières (RSF) exprime son soulagement face à cette libération et appelle les autorités éthiopiennes à mettre un terme à l’escalade dans la répression du journalisme dans le pays.

C’est une bonne nouvelle. Le journaliste français Antoine Galindo, qui travaille pour le site d’information spécialisé Africa Intelligence, a été remis en liberté ce jeudi soir et expulsé d’Éthiopie sur décision des autorités.

Détenu depuis son arrestation le 22 février dans la capitale Addis Abeba, il a été accusé de "tentative de créer le chaos et la violence" dans le pays où il se trouvait depuis une dizaine de jours pour couvrir le Sommet de l’Union africaine (UA) et l’actualité locale. Malgré son accréditation, les autorités éthiopiennes ont justifié son arrestation par le fait qu’il aurait “outrepassé son accréditation et collecté illégalement des informations sur des questions politiques internes”.

“Nous sommes soulagés par la libération d’Antoine Galindo, qui va pouvoir retrouver sa famille et ses proches en France, mais nous déplorons le traitement inique qui lui a été réservé en raison de son métier de journaliste. Antoine Galindo a été arrêté et détenu dans des conditions difficiles, pendant une semaine entière, pour avoir simplement essayé de remplir sa mission d’information en Éthiopie. Et ce avec une accréditation en bonne et due forme. Sa détention et son expulsion envoient un signal extrêmement inquiétant sur l’état de la liberté de la presse dans le pays, qui s’est largement dégradé depuis 2020, dans le contexte des conflits internes, tant pour les journalistes éthiopiens que pour les journalistes étrangers. Nous appelons les autorités éthiopiennes à mettre un terme à cette escalade dans la répression du journalisme et à permettre l’exercice libre du journalisme dans le pays.

Christophe Deloire
Secrétaire général de RSF

Chef de la rubrique Afrique de l’Est d’Africa Intelligence, Antoine Galindo, 36 ans, est un journaliste qui connaît bien l’Éthiopie – pour y avoir habité plusieurs années et s’y être rendu plusieurs fois en mission – ainsi que la région qu’il couvre depuis dix ans. 

Au moment de son arrestation, il était en discussion avec un responsable du front de libération de l’Oromo (OLF) Battee Urgessa. Les autorités éthiopiennes n'ont ni confirmé son arrestation ni indiqué son lieu de détention jusqu’au 24 février, jour où des agents consulaires français et son avocat sont parvenus à le localiser. Il a été présenté à un juge le même jour et devait être présenté à nouveau ce 1er mars en audience. 

Dans un communiqué publié le 25 février, Africa Intelligence a considéré que les accusations contre Antoine Galindo étaient “fallacieuses ne se basant sur aucun élément tangible permettant de justifier cette privation de liberté prolongée.”  

L’arrestation du journaliste est intervenue dans un contexte difficile pour l’exercice du journalisme en Éthiopie, malgré des signaux assez positifs montrés par le Premier ministre Abiy Ahmed à son arrivée au pouvoir en 2018. Il avait  en effet adopté une loi en 2021 dépénalisant les délits de presse et protégeant les sources d’information. Mais cela n’a pas amélioré la situation, surtout avec la guerre du Tigré pendant laquelle les détentions au secret et les saisies d’équipement ont connu une forte recrudescence dans un climat de répression croissante envers les journalistes. La couverture des conflits sévissant dans la région d’Amhara a donné lieu à de multiples interpellations de journalistes dans le cadre d’une stratégie des autorités d’empêcher les voix critiques de s’exprimer. 

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