Le Nigeria fait partie des pays les plus dangereux et les plus difficiles d'Afrique de l'Ouest pour les journalistes. Ces derniers y sont régulièrement surveillés, agressés et arbitrairement arrêtés, comme ce fut le cas pendant la période électorale de 2023.
Paysage médiatique
Pays le plus peuplé du continent africain, le Nigeria dispose d’un paysage médiatique foisonnant et pluriel. Si la presse écrite est en net recul ces dernières années, il existe encore une centaine de titres : The Punch, The Nation, Vanguard, Guardian, The Premium Times sont les plus connus. La majorité des 36 États dispose également d’un quotidien public directement contrôlé par les autorités locales. Il existe plusieurs centaines de radios et de chaînes de télévision à côté de médias internationaux. La grande popularité des réseaux sociaux a également contribué à diversifier le paysage médiatique, mais aussi à créer de la désinformation.
Contexte politique
L’ingérence des autorités dans le champ de l’information est importante. Elle peut passer par des pressions, voire de la répression contre les journalistes et médias critiques, mais aussi par la censure. Cette ingérence est d’autant plus forte lors des campagnes électorales. Le traitement équilibré des questions politiques peut également s'avérer difficile en fonction du propriétaire du média. Dans une large mesure, les autorités politiques ont leur mot à dire dans la nomination et la révocation des responsables des médias, qu’ils soient publics ou privés. En août 2022, la National Broadcasting Commission (NBC), le régulateur de l’audiovisuel a menacé de suspendre 53 chaînes de radios pour non-paiement de la redevance. Cette décision a été suspendue par la Haute Cour fédérale.
Cadre légal
La Constitution protège la liberté d’expression et d’opinion, mais il existe de très nombreuses lois dont les dispositions permettent d’entraver l’exercice du journalisme, comme celles sur la cybercriminalité, l'antiterrorisme, les secrets d’État ou encore le Code pénal, qui continue à considérer la diffamation comme un crime. L'accès à l’information reste une tâche ardue.
Contexte économique
Si les médias sont très nombreux, ils sont très peu à opérer dans de bonnes conditions. Les retards de salaires peuvent atteindre plusieurs mois, voire plusieurs années pour les journalistes, ce qui les rend vulnérables à la corruption et aux informations publiées en échange de rétributions. À l’instar des responsables politiques, les hommes d’affaires et les entreprises pourvoyeuses de revenus publicitaires peuvent avoir une influence sur le contenu éditorial.
Contexte socioculturel
Il est très difficile d’aborder les sujets politiques liés au terrorisme, aux malversations financières des puissants et aux conflits entre communautés, comme en ont temoigné, en 2020, les menaces contre un journaliste d’investigation dont plusieurs sources sont mortes ou ont été tuées dans des conditions suspectes, après une enquête sur les massacres commis dans l’État du Kaduna. Des médias ont été attaqués sur la base de considérations religieuses, de genre ou d’ethnie.
Sécurité
En Afrique de l’Ouest, ces dernières années, la plupart des agressions violentes, des détentions arbitraires et des morts par arme à feu de journalistes ont eu lieu au Nigeria. Craignant pour leur vie, certains choisissent l’exil. Depuis 2019, trois journalistes ont été tués. Les crimes commis contre les journalistes restent toujours impunis – même lorsque les coupables sont connus ou appréhendés – et il n’existe quasiment aucun mécanisme de protection de la part des autorités. Les journalistes sont également surveillés de près par les autorités, qui n’hésitent pas à les menacer.