Trois ans après la mort du réalisateur James Miller l'enquête britannique conclut à un assassinat

“Trois ans après la mort de James Miller, une enquête britannique conclut qu'il a été tué intentionnellement par un militaire israélien. Nous attendons maintenant que les autorités israéliennes assument leurs responsabilités dans la mort du journaliste britannique et prennent des sanctions contre le ou les responsables”, a déclaré Reporters sans fronitères.

Reporters sans frontières est satisfaite des conclusions de l'enquête britannique sur la mort du journaliste James Miller, le 2 mai 2003, dans la bande de Gaza. “Trois ans après la mort de James Miller, une enquête britannique conclut qu'il a été tué intentionnellement par un militaire israélien. Nous attendons maintenant que les autorités israéliennes assument leurs responsabilités dans la mort du journaliste britannique et prennent des sanctions contre le ou les responsables”, a déclaré l'organisation. Le réalisateur britannique, James Miller, mort en mai 2003, dans la bande de Gaza, a été tué intentionnellement par un militaire israélien, a conclu le 6 avril 2006, une enquête judiciaire ouverte en Grande-Bretagne. "En nous fondant sur les éléments de preuves qui nous ont été présentés, nous, le jury, convenons à l'unanimité qu'il s'agissait de tirs illégaux, avec l'intention de tuer M. James Miller", a déclaré le jury de la cour de St Pancras, à Londres. "Nous ne pouvons parvenir à une autre conclusion que celle selon laquelle M. Miller a bien été assassiné", a-t-il ajouté. Selon l'enquête britannique, un premier tir a précédé de 12 à 13 secondes celui qui a coûté la vie à James Miller, suivis de plusieurs autres qui visaient la maison d'où sortait l'équipe de reporters, surnommée "la Maison des journalistes". Le jury de la cour de St Pancras a critiqué l'attitude de l'Etat hébreu. "Depuis le premier jour de cette enquête, les autorités israéliennes n'ont pas été très coopératives dans l'enquête sur les circonstances qui ont entouré la mort de M. Miller", a déclaré à la cour le détective responsable de l'enquête britannique, Rob Anderson. Les autorités locales avaient bloqué les demandes d'investigation de la police anglaise. Dans un communiqué du 6 avril 2006, l'ambassade d'Israël en Grande-Bretagne a affirmé “regretter la mort de James Miller” et ajouté qu'après une enquête très approfondie “il n'a pas été possible de parvenir à une conclusion fiable qui justifie des procédures criminelles”. “C'est un grand soulagement que l'évidence ait été reconnue, et que ce en quoi nous avons cru pendant trois ans, ait été prouvé”, a déclaré Sophy, la femme de James Miller, qui a témoigné devant la cour. James Miller, 34 ans, marié et père de deux enfants - un garçon de deux ans et une fillette de cinq mois au moment des faits -, a été tué le 2 mai 2003, alors qu'il se trouvait depuis seize jours dans la bande de Gaza. Il réalisait pour le compte de la société de production Home Box Office un documentaire à propose de l'impact du conflit sur les enfants palestiniens et les habitants du camp de réfugiés de Rafah. Il a été tué au seizième et dernier jour du tournage de son film. Les membres de l'équipe de James Miller avaient affirmé qu'ils portaient tous un drapeau blanc et s'étaient identifiés en tant que journalistes britanniques auprès des soldats israéliens. James Miller portait un gilet pare-balles avec les lettres "TV" inscrites en gros. Une autopsie pratiquée en Israël en présence d'un médecin britannique avait établi qu'il avait été touché par une balle d'un fusil d'assaut de type M-16 tirée par un soldat israélien. Cependant, l'armée israélienne avait décidé en mars 2005, au terme de 18 mois d'enquête, de ne pas poursuivre, faute de preuves, le lieutenant soupçonné d'être responsable de sa mort. Ce dernier avait été blâmé après les faits pour avoir, selon des témoignages, "ouvert le feu en violation des règles d'engagement". Toutefois cette charge n'a finalement pas été retenue contre lui. Tsahal s'était contentée d'exprimer ses regrets, en ajoutant que James Miller avait pris de gros riques en travaillant sur cette zone de guerre. Le général Gai Tzur, le chef d'état-major de la région sud d'Israël, couvrant la bande de Gaza, chargé de l'affaire, avait estimé "que des tirs, dans de telles circonstances, pouvaient se justifier". Le gouvernement britannique et la famille de James Miller avaient déploré cette décision et décidé de faire appel. Le documentaire de James Miller, intitulé "La mort à Gaza", a reçu plusieurs prix, dont trois Emmy Awards aux Etats-Unis en septembre dernier, et celui du festival des films sur les droits de l'homme "One World 2005" à Prague en mai 2005.
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Mise à jour le 20.01.2016