Reporters sans frontières (RSF) dénonce la censure massive d’Internet par les autorités kazakhes, ce 9 mai, en marge de manifestations d’opposition. L’organisation appelle le président par intérim Kassym-Jomart Tokaïev à rompre avec l’héritage liberticide de son prédécesseur Noursoultan Nazarbaïev.

De nombreux sites d’information étaient inaccessibles dès l’aube ce 9 mai au Kazakhstan, dont ceux de Radio Azattyk, de l’agence Ferghana et du journal Ouralskaïa Nedelia, ainsi que Vlast.kz, Informburo.kz, Exclusive.kz, Holanews.kz, Village.kz et d’autres. L’accès à Facebook, Telegram, YouTube et Instagram a été coupé à la mi-journée. Par endroits, des utilisateurs ont fait état d’une connexion défaillante à l’internet mobile. La censure est une fois de plus au rendez-vous, en marge des rassemblements pacifiques convoqués à travers le pays par l’opposant et oligarque en exil Moukhtar Abliazov.

“Rien ne justifie cette entrave massive au droit à l’information des citoyens kazakhs, dénonce Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Il est grand temps que les autorités renoncent à ces pratiques liberticides d’un autre âge, si elles veulent rendre crédible un discours réformateur. La censure d’Internet compte parmi les facteurs qui expliquent la 158e place du Kazakhstan au Classement mondial de la liberté de la presse, une tache sur l’image internationale du pays.”

Le correspondant de Vlast.kz Daniar Moldabekov, remarqué pour sa couverture de diverses manifestations ces derniers mois, a été interpellé dans la matinée à Almaty et maintenu une heure en garde à vue, sans explication. L’interpellation de journalistes couvrant les mouvements sociaux est devenue monnaie courante au Kazakhstan.

Les autorités se montrent nerveuses face à la multiplication des manifestations depuis la démission du président Noursoultan Nazarbaïev, en mars 2019, après 30 ans de pouvoir. Le “Leader de la nation” garde la haute main sur l'avenir du pays et prépare une succession dans la continuité de son règne : le dauphin qu’il a désigné, Kassym-Jomart Tokaïev, est le grand favori de l’élection présidentielle prévue le 9 juin dans un cadre très contrôlé.

Le régime kazakh n’a cessé de renforcer son emprise sur les médias ces dernières années. Les principaux titres d’opposition nationaux ont tous été interdits en 2012, Internet est étroitement contrôlé, et même des titres peu critiques sont désormais visés. Le Kazakhstan occupe la 158e place sur 180 au Classement mondial 2019 de la liberté de la presse, établi par RSF.

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Mise à jour le 09.05.2019